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GRATIEN GELINAS Le Credo professionnel d'un homme de theatre lu tout debut de cet article, je dois preciser que je n'ai pas la pretention I'etre un theoricien de la chose dramatique. Je me definis simplement omme un auteur dramatique et un comedien, 'un hornme de theatre' en omme, qui, depuis plus de quarante ans, s'est implique dans son metier un point tel qu'il n'a pu consacrer que tres peu de temps Ii evaluer Ie ravail de ses coUegues, tant dramaturges qu'interpretes ou metteurs en cene. C'est pourquoi je n'essaierai pas de tracer ici une fresque representant evolution du theatre quebecois des dernieres annees. Un bon critique ramatique pourrait s'acquitter de cette tache avec beaucoup plus de ompetence et d'objectivite que moi. Je tenterai plutot d'exposer mon ropre credo professionnel, celui qui, au tout debut de rna carriere, m'a ,it m'engager dans la voie que j'ai suivie et dont j'ai la conviction de 'avoir jamais devie. e choix d'une profession ou d'une vocation alaquelle on restera toujours dele est parfois mysterieux, comme l'est Ie fait de choisir la personne qui artagera sa vie. Souvent Ie mariage de deux etres fait suite aune periode e frequentation plus ou moins longue OU les deux parties s'habituent lsensiblement l'une al'autre, ce qui les conduira un jour, mine de rien, la 1 s'echangent les alliances et les serments conjugaux. Pour d'autres, ,mour prendra la forme d'un coup de foudre: en un jour, en une heure, s deux amants sauront que leur union est inevitable et sera - ils Ie .reraient - indissoluble. Entre Ie theatre et moi, ce fut, en verite, Ie coup de foudre, meme si je )uvais difficilement me rendre compte de ce qui m'arrivait, n'ayant ors que quatre ans et demi. Un jeune ami de mes parents - originaire comme eux du village de ,int-Tite ou je suis ne moi-meme - nous rendit visite un beau dimanche. s'appelait Charles Duval et etudiait Ie notariat Ii l'Universite de Montal . raurais apeine constate sa presence dans la maison sans I'aimable lent qu'i1 avait de reciter des poemes, talent que mon pere !'invita Ii faire lloir devant nous en cet apres-midi dominical par ailleurs assez terne. 82 GRATIEN GELINAS I Mes parents i'ecouterent avec interet, bien sur, mais je fus, quant a~ moi, completement transporte. Apres deux ou trois recitations, il tenta de reprendre son siege, mais je m'y opposai farouchement: il dut se rendre au bout de son repertoire. Le lendemain et les jours suivants, rna mere me surprit plusieurs foi! dans un coin du salon en train d'imiter ses gestes et de repeter arna fa~o ce que j'avais retenu de son recit. Avec Ie temps, les mots de ces petits poemes populaires et sen· timentaux sortirent de rna memoire, mais leurs situations, leurs intrigue! y resterent gravees. Et un beau jour, it i'ecole, j'eus la joie de decouvrir u~ de ces textes dans un livre de lecture. l'en retrouvai d'autres. Je les appri. par cceur et commen~ai ales reciter moi-meme devant les membres de m, famille et mes compagnons de classe, avec un succes que je qualifierai d convenable. Mais Ie rire m'attirait: j'etais en effet fort tente d'imiter mon pere, qu savait raconter des histoires comiques comme personne. L'adolescenj que j'etais alors devenu se mit ft la recherche de monologues susceptiblei de faire sourire, sinon de faire rire. fis etaient rares, mais je reussis aeli trouver quelques-uns, dans des revues ou des reeueUs publies soit e France, soit au pays. Je fis 1ft une premiere decouverte: les monologue. ecrits par un Quebecois interessaient beaucoup mieux mon petit a ditoire. Avec Ie temps, !'idee me Yint de modifier ici et lit un bout de texte pou i'adapter davantage ai'actualite, it mon style personnel ou ala mentalitl propre des groupes auxquels je m'adressais. Et je constatai qu'ft peu pre toujours, i'effet comique s'en trouvait accru. Certains sourires, 01 bonheur!, se changeaient...

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