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HUMANITIES 193 mentionnes s'ecarte tant soit peu du code, de la norme, de la doctrine, du dogme pour qu'on puisse Ie denommer 'essai'? II nous semble, a la limite, que oui. De meme une assimilation trop facile ou trop rapide, en tout cas pas assez nuancee et prudente, avec des ecrits qui ont I'allure du pamphlet nous semble it rejeter. A ce compte-la, on exclurait tout texte qui vehicule une certaine violence ou agressivite ideologique et verbale. Rien ne nous parait moins stable, parfois, en ces occurrences, que des pensees formutees itl'emporte-piece, pensees qu'une re£lexion plus posee ou un approfondissement plus pondere modifient ulterieurement, ce qui est encore une marque essentielle de l'essai, sans lui enlever Ie degre d'affectivite, de subjectivite indispensable. Pareillement, les frontieres entre critique et essai, pour tenues qu'elles soient, necessiteraient des distinctions plus developpees et plus circonstanciees. Faudrait-il, d'ailleurs, exclure cette Introduction, qui est un essai sur I'essai, a cause du meme caractere peremptoire qu'il prete it certains textes qu'il a lui-meme exclus? Loin de nous I'intention d'adresserdes reproches a Laurent Mailltot et ason collaborateur, Benoit Melan~on. Au contraire! IIs manifestent les caracteristiques memes des essayistes malgre Ie ton (Iegerement) peremptoire que nous avons signale. Nous invitons Mailhot, it I'occasion d'une anthologie subsequente, arenouveler certains choix apres avoir essaye de rede£inir et de nuancer certains points'theoriques.' Signaions, pour finir, Ie tres utile 'Index thematique' qui complete I'Anth%gie, instrument precieux pour les chercheurs. (GILLES DORION) Claude Beausoleil. Les Livres parlent Ecri!s des Forges 1<)84. 235. $15.00 paper Auteurlui-meme d'une vingtaine de livres, ClaudeBeausoleila assume en 1978 la rubrique de la poesie quebecoise dans les pages litteraires du journal Le Drooir. Le present recueil rassemble les chroniques qu'il y a publiees jusqu'en 1984, it quoi s'ajoutent quelques autres articles et vingt-deux textes inedits. Mis it part Ie texte d'introduction sur la nouvelle poesie quebecoise, un autre sur la poesie acadienne et Ie compte-rendu d'une anthologie, ces articles portentchacun sur un livre different, encore qu'il puisse s'agir de deux ou trois comptes rendus, mis bout a bout, de livres d'un meme auteur. En tout, soixante et un poetes y sont 'presentes dans l'ordre alphabetique ': I'absence de regroupement estconformeau genre du 'panorama' litteraire maissembledevoir refieteregalementI'eclatementdes tendances de la nouvelle poesie. Dans son bref historique de I'evolution recente, Beausoleil observe (au sujet des annees 70, mais sans que cela soitdementi par ce qui a suivi): 'II n'y a plus une poesie quebecoise mais bien des poesies quebecoises ecrites ici etpubliees ici: A la limite, ce 'kaleidoscope' qu'est Ie recueil correspondrait, dans I'arbitraire de sa presentation, Ii la realite m~me de la production poetique - Ii moins qu'il ne soit un effetde la disparate inherente Ii la nature de ces chroniques et du livre qui les rassemble? On ne s'etonnera pas des lors de retrouver, aux cOtes des novices comme des chefs de file de ces dernieres annees, certains poetes de generations anterieures (Giguere, P.-M. Lapointe, et jusqu'Ii Nelligan) auxquels Beausoleil rend hommage aI'occasion de retrospectives ou de nouvelles parutions de leurs ecrits. Par ailleurs, les lacunes que Beausoleil reproche a I'anthologie de Mailhot et Nepveu (La Poesie quebecoise des originestl nosjours, 1980) - les femmes, les auteurs des Ecrits des Forges, les 'formalistes' y etant peu ou mal representes - sont ici comblees. En somme, si tous les auteurs de livres recents n'y sont pas, du moins l'eventail est-il suffisamment large pour qu'on ne puisse lui reprocher d'avoir exclu des representants de tendances ou de groupes minoritaires: en depit meme de ses propres affinites avec les tenants du postmodernisme , Beausoleil fait genereusement place i\ ceux qui ontcontinue i\ se situer en-dehors de celui-ci. Tout cela est fort louable, mais suscite quand meme quelques interrogations dont la principale demeure: pourquoi reediter ces chroniques? Elles sont toutes en effet, y compris les textes inedits, conformes aux intentions dont Jean Royer, lequel avait confie la rubrique du Dl':1Joir iI Beausoleil, fait etat dans sa preface: 'Nous avons convenu que cette critique ne se ferait pas d'autoriM mais dans I'accueil des textes: decrire Ie contenu des livres, leurs thematiques et leurs ecritures, pour les rendre plus accessibles.' II s'agissait en somme d'informer etd'eveiller!'interetde lecteurs potentiels, tache dont Beausoleil s'est fort bien acquitte Ii l'interieur des limites ainsi prescrites et dans l'espace necessairement restreint qui lui etait accord;;. Cependant, la possibilite s'offrant de reprendre ces textes dans un livre, donc de se donner un recul, pourquoi s'en tenir i\ la formule initiale qui exclut toute velleite de jugement? A cet egard, la preface de Jean Royer, laquelle vient defendre cette formule en ironisant un peu lourdement sur la critique'autoritaire: 'retroactive' et 'confortable' ne fait en definitive que marquer un refus de la critique tout court, car celle-ci ne saurait se reduire, comme il semble I'entendre, iI une somme de mots d'ordre qu'un public biHant ne demanderait qu'iI suivre. Son argumentation pourrait lui etre facilement retournee, car Ie risque n'est-il pas plutot du cote de ceux qui osent critiquer, non d'apres des criteres immuables inexistants, mais en affichant ce qu'ils croient, afin de provoquer, sinon la controverse, du moins la reflexion, et n'est-ce pas precisement ce Ii quoi Ie public est en droit de s'attendre d'un critique litteraire? Qui, sinon, se chargera de ce role? A moins qu'il ne faille d'emblee accepter que rien ne soitcritiquable, que tout merite d'etre lu par Ie simple fait que ~a a ete publie. N'est-ce pas l'intention reelle de HUMANITIES 195 Beausoleil disant qu'il veut, par ce livre, 'rendre compte de la vitalite qui anime ce champ culturel'? Du constat de I'abondance des publications poetiques, dont rend compte I'accumulation des auteurs presentes, a I'affirmation d'une 'vitalite,' il y a un pas qui n'est aussi aisement franchi que si I'on occulte Ie role joue par les multiples facteurs propres au champ de la production litteraire quebecoise qui autorisent et alimentent celte abondance. La preuve par la quantite ne saurai! suffire, et l'eloge de la prolixite, la fetichisation de I'ecriture, Ie rabiichage des poncifs nouvellevague finissent par engendrer une sensation d'etouffement. Celte plethore exigerait plus que jamais une critique salubre. Le livre de Beausoleil est un autre inventaire qui vient s'ajouter ii ceux par quoi 'l'existence d'une litterature devient irrefutable': sans doute, mais ii la volonte de tout recuperer ne faudrait-il pas que reponde un souci d'elimination? (M .A. PARMENTIER) Andre Brochu. L'Evasion tragique: Essai sur les romans d'AlUM Langevin Hurtubise HMH. 362. $22.50 L'essai d'Andre Brochu a re~u deux echos principaux et contradictoires. Dans La Presse du 29 juin 1985, Jean Basile reproche au critique de n'avoir pas lu en profondeur I'ceuvre de Langevin et d'avoir sacrifie ii l'academisrne des statistiques, des tableaux et des plans (p 19). Dans Lettres quebi!coises (automne 1985), Agnes Whitfield louange sans reserve L'Evasion tragique. Dans son introduction, Brochu precise qu'il s'attachera au fonctionnement de l'ceuvre de Langevin sans negliger Ie 'poids du sens' (p 4). n analyse ensuite la place que tient cet ecrivain dans sa generation et Ie qualifie d'existentialiste 'au sens large.' Cette notion, reprise plusieurs fois (pp 15, 34, 229), n'est jamais precisee. Le chapitre 2 est consacre au premier roman, Ie troisieme au deuxieme roman et ainsi de suite. La structure materielle du texte est alors abordee; cela consiste pour Brochu ii mentionner pour chaque partie du roman, Ie nombre de pages et de chapitres. Ce procede est repris pour tous les romans. Vne double thematique est signalee, l'amour et la mort. Le critique dit qu'il s'en servira cornme d'une 'plateforme privilegiee' (p 41) pour etudier les significations du roman, mais cet approfondissement, reporte ii plus tard, n'apparait jamais. Pour eclairer la dyade thematique force/faiblesse incarnee par Jean Cherteffe et son frere Marcel, Brochu recourt ii plusieurs explications, par exemple, la problematique de La Reieve, mais aussi les ceuvres de J.-P. Sartre et de Camus. Ces rapprochements eloignent Brochu du noyau thematique autour duquel se cree toute I'ceuvre de Langevin, it savoir une 'identite malheureuse' comme situation de base de tous les heros, qui se developpe ...

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