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274 Le Sixième Jour d'Andrée Chedid et celui de Youssef Chahine : un dialogue d'artistes Christiane Makward Pennsylvania State University Alexandrie, le Caire, Paris, le Nil, la Seine ... Chahine, Chedid aiment passionnément leurs villes et leur fleuve et l'on sait que Chedid, plus parisienne que Chahine, situe la plupart de ses récits en Egypte et au Liban quand ce n'est pas au coeur même de Paris. Chahine, son cadet de six ans, a donné une quarantaine de films et reçu le Prix du Cinquantenaire du Festival de Cannes en 1997 pour Le Destin et l'ensemble de son oeuvre. Il a aussi tourné un long documentaire intitulé Un Jour, le Nil et il en a fait d'autres sur le Caire et sur sa ville natale, Alexandrie, qui fait pendant à la mégapole des États-Unis dans son dernier film : Alexandrie ... New York , sélectionné pour le festival de Cannes 20041. L'antique cité, célèbre pour son phare et sa bibliothèque, a également fourni à Andrée Chedid le cadre d'un très beau drame antique : Bérénice dEgypte qui est un plaidoyer pour la justice sociale. Le roman Dans Le Sixième Jour de 1960, texte qu'une édition dans la collection Librio a mis à la portée de toutes les bourses en 1994, Alexandrie, les bateaux et la mer nourrissent le rêve d'un enfant. Voici la trame de ce texte dont l'action est située en 1948, à la fin de la présence britannique en Egypte. Ce pays ayant réclamé son indépendance en 1918 et le contrôle du canal de Suez en 1945, on est sous le règne d'un dernier roi, Farouk (1936 à 1952). Au printemps 1 948 une première guerre avec le nouvel état d'Israël vient de commencer mais le roman comporte peu d'allusions à cette question. Le Sixième Jour se présente en trois parties de six chapitres chacune, euxm êmes composés de séquences narratives ponctuées par des blancs, ce qui assure à l'écrivaine une totale liberté narratologique, le libre déplacement d'un espace à l'autre et une grande ouverture du point de vue. LE SIXIEME JOUR D'ANDREE CHEDID ET DE YOUSSEF CHAHINE275 Première partie : Depuis trois mois, une épidémie de choléra fait redoubler de vigilance la police et les services sanitaires du pays. Saddika (dite aussi Om Hassan) retourne dans son village natal pour assister à l'enterrement secret de sa soeur (une mort non déclarée aux autorités), puis elle rentre dans le quartier pauvre du Caire où elle est laveuse et prend soin de son époux paralysé. Le maître d'école de Hassan, petit-fils de Saddika, tombe malade. En citoyen responsable qui enseigne l'hygiène aux enfants, il insiste pour se faire emmener par les autorités. Bientôt l'enfant donne des signes de fatigue et les angoisses de la femme agacent un époux qu'elle n'aime plus. Une descente sanitaire sur une fausse dénonciation l'épouvante. Mais les symptômes de l'enfant sont indéniables et Saddika décide de partir le cacher dans un autre quartier, sur une terrasse de maison où elle a fait des lessives. Après diverses difficultés, elle parvient dans une chambrette au sixième étage, où, avec de l'eau pure, elle peut se croire un instant à l'abri du mauvais sort. Deuxième partie : Okkasionne, dit « Okka », un saltimbanque aimé des enfants mais qui horripile Saddika, se vante d'avoir obtenu de l'argent en dénonçant un malade : il fait la fête et parade avec sa guenon Mangua tandis que Saddika veille et s'inquiète, en proie tout à tour au désespoir et à la foi. Dehors, elle observe la nourriture à vendre et la faim des bien portants. Elle a des moments qui tiennent de l'hallucination — leitmotiv important et stratégie poétique d'ouverture du récit — car elle ne peut pas se nourrir. Okka survient et l'entraîne joyeusement dans les rues où ils observent un...

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