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61« 'Paris est une blonde' : la vie au quotidien dans Chacun cherche son chat » de Cédric Klapisch Marianne Golding Southern Oregon University Dans Chacun cherche son chat (1996), Klapisch retrace les aventures de Chloé d'abord et puis celles des habitants du quartier de la Bastille, partis à la recherche du chat de Chloé, Gris-Gris, disparu après avoir été confié à une vieille dame. Cette dernière avait accepté de s'en occuper pour permettre à la jeune fille de partir en vacances. Les aventures de Chloé et de ses voisins sont autant d'occasions de rencontrer toutes sortes de personnes qui viennent enrichir la vie de la jeune fille jusqu'alors isolée et morose. Chloé habite dans un appartement quelque peu délabré qu'elle partage avec son co-Iocataire Michel, artiste homosexuel. Elle travaille comme maquilleuse pour des photos de mode. Si cet emploi paraît à première vue séduisant, on se rend vite compte que Chloé s'y sent exploitée. Sa vie nocturne n'a rien d'exceptionnel non plus dans la mesure où elle sort peu, et quand elle sort, c'est pour se rendre toujours au même endroit, une espèce de pub pour jeunes où elle ne demande qu'à rencontrer quelqu'un qui lui plaise. Jamel, un jeune maghrébin légèrement demeuré à cause d'un accident d'enfance, serait prêt à tout pour combler le vide dans la vie de Chloé, mais l'amitié est tout ce que peut lui offrir la jeune fille. Elle partagera aussi son amitié avec une demi-douzaine de vieilles dames seules et démunies, notamment Madame Renée, qui est au désespoir d'avoir perdu Gris-Gris. La fin du film est optimiste : non seulement Chloé retrouve son chat — qui n'avait en fait jamais quitté l'appartement de la vieille dame — mais elle entrevoit la possibilité d'une relation amoureuse avec Bel Canto, un peintre habitant dans son immeuble et qui doit déménager faute de moyens de payer le loyer. Il s'était toujours trouvé là, un étage au-dessus de chez elle. Comme quoi, chacun cherche son chat alors qu'il est juste là ! Chacun cherche son chat est un film aux attraits multiples : Chloé, l'héroïne, est crédible et touchante grâce au naturel de son physique et de 62CULTURE AND LITERATURE THROUGH FILM son jeu. Les situations dans lesquelles elle se trouve sont vraisemblables, basées sur des réalités psychologiques et sociales que tout le monde peut reconnaître pour les avoir vécues. La musique rythmée et « branchée » engage et amuse le spectateur, et le Paris qui lui est proposé est réduit à des proportions humaines. Sylvie Blum remarque avec justesse que « la démarche du réalisateur de Chacun cherche son chat participe à l'infraordinaire par la mise en scène du banal ou du quotidien, du commun ou de l'habituel, mettant en place toute une galerie de portraits, de 'trognes' prise parmi les gens ordinaires et la vie quotidienne » (Blum 26). Ce film présente des thèmes universels tels que l'amour et la solitude tout en traitant de graves problèmes ancrés dans la réalité française contemporaine : le racisme, la condition de la femme, les personnes du troisième âge et la politique de déconstruction des quartiers de Paris. Pour ces raisons, Chacun cherche son chat est un film qui se prête particulièrement bien à un cours de culture de troisième année. A partir de deux films français, dont Le Grand Chemin, j'ai développé un programme qui correspond aux exigences d'un cours qui se veut à la fois de culture, de conversation et de composition . Chacun cherche son chat, que l'on travaille pendant six semaines, et Le Grand chemin, que l'on étudie pendant trois semaines, offrent une vision à la fois réaliste et vivante des contrastes entre la vie de la ville et celle de la province, entre le monde des enfants et des jeunes et des moins jeunes en France. Tout le cours est conceptualisé à partir de ces films...

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