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380 Romans et leurs adaptations cinématographiques : héroïnes à l'écran Catherine R. Montfort Santa Clara University L'adaptation au cinéma d'oeuvres littéraires est une tradition bien française, que ce genre de films se range sous la rubrique de film d'art dès le début du vingtième siècle1, celle de la tradition de la qualité après Ia guerre de 39, ou encore celle defilm d'héritage, des années 80 à nos jours2. L'utilisation de ces films dans un cours de littérature n'est pas une entreprise nouvelle, mais c'est une entreprise pleine d'embûches, car l'étude du passage de la prose à la représentation iconique ne peut se faire sans prendre en considération « the differences in the contexts of production and consumption » (Giddings, Selby et Wensley 3). En dépit de l'enthousiasme de chercheurs comme William Costanzo qui affirme : « Film is more widely seen now as a symbol system, much like language which encodes the values of society, reflecting and reforming our most essential cultural beliefs » (ix), les films sont souvent utilisés comme de simples illustrations de romans, ou encore romans et films ne sont comparés qu'avec l'idée toujours tenace chez certains que l'un est un art et l'autre une entreprise commerciale inférieure . Certes, comme le disait André Bazin, « le drame de l'adaptation, c'est celui de la vulgarisation » (18). Mais, comme il le disait aussi, l'adaptation est une introduction séduisante à l'œuvre d'un romancier à qui elle vaut de nouveaux lecteurs, « car si approximatives que soient les adaptations elles ne peuvent faire tort à l'original auprès de la minorité qui le connaît et l'apprécie ; quant aux ignorants, de deux choses l'une : ou bien ils se contenteront du film, qui en vaut certainement un autre, ou bien ils auront envie de connaître le modèle, et c'est autant de gagné pour la littérature » (1819 ). Donc, autant de gagné pour nos apprenants, confrontés à la double tâche de lire le livre et de voir le film correspondant. En effet, quel meilleur moyen que cette confrontation pour leur faire réaliser l'opposition essentielle entre les deux — d'un côté l'œuvre individuelle faite de mots et de phrases, de l'autre le film, œuvre d'équipe, faite d'images et de sons — mais aussi leur parenté évidente puisque tous les deux se situent du côté des signes (récit, personnages, action, rôle du temps et de l'espace), et font appel à l'intellect et aux émotions. De plus, faire lire le livre, puis faire voir son ou ses adaptation(s) cinématographique(s) fait facilement comprendre que la traduction directe d'une œuvre littéraire est impossible mais que sa lecture cinématographique l'est. Le texte littéraire et le(s) film(s) correspondant(s) sont simplemnent différents récits de la même histoire : « In assessing an adaptation we are never really comparing book with ROMANS ET LEURS ADAPTATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES381 film, but an interpretation with an interpretation — the novel that we ourselves have re-created in our imagination, out of which we have constructed our own individualized "movie", and the novel on which the film maker has worked a parallel transformation » (Boyum 61). Lire, c'est adapter. Le cinéaste lecteur permet aux apprenants de développer un regard critique. L'objectif de cet essai est éminemment pratique : aider les enseignant(e)s à préparer un cours de « Littérature et Cinéma », cours que j'ai moi-même intitulé« French Novels and Films : Culture, Gender and Social classes » lorsque que je l'ai enseigné en anglais, au printemps 1999, pour le faire accepter dans le programme de Women's Studies (Voir l'Appendice 1.). Je vais d'abord présenter le programme mis sur pied, avec mes raisons de choix de livres et de films. Ensuite, tout en faisant allusion à divers romans/films, en particulier à La Religieuse, je donnerai le travail accompli sur Le Colonel Chabert de Balzac, adapté par Yves Angelo en 19944...

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