In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

110 La poésie féminine contemporaine en France Michael Bishop Dalhousie University Plusieurs voix nous parlent depuis déjà une trentaine d'années : Andrée Chedid avec son œuvre consciemment humanisante, sociologiquement enracinée, richement et dramatiquement dialectisée ; Marie-Claire Bancquart, qui quête inlassablement au cœur de « l'énigmatique » un divin à visage humain et cosmique ; Françoise Hàn, « cherchant à dire [à faire parler,] l'absence », sensible malgré « nos cicatrices » à cette « fête même au creux du sombre » ; Louise Herlin, sobre et exubérante à la fois, avec sa prosodie finement ciselée, subtilement alertée ; Claude de Burine, s'ouvrant toujours à l'inattendu, au merveilleux, aux transactions secrètes qu'elle ne cesse de guetter ; Anne-Marie Albiach, avec le lyrisme « sublime » (Auster) de sa textualité fertilement autoréflexive ; Hélène Cadou, qui nous donne une œuvre étonnamment personnelle mais loin de tout narcissisme. Six œuvres plutôt récentes se distinguent : celle de Michelle Grangaud, avec ses anagrammes, ses « inventaires », ses « poèmes fondus » et cette belle chanson de « geste » du quotidien ; celle de Jeannine Baude, qui chante « feux de l'été », « éclats de sel », transforme en « concerto » l'expérience de l'éphémère ; celle d'Esther Tellermann, elliptique, intense, compactée, entre« guerre extrême » et « pangéia » ; celle de Martine Broda, transparente et opaque à la fois, narrativisante mais fragmentée ; celle de Céline Zins, somptueusement méditative, entre Occident et Orient ; celle de Sandra Moussempès, audacieuse, flagrante, loin de toute gratuité. Dans l'intervalle qui sépare ces deux pseudo-générations, d'autres voix, puissamment motivées, se font entendre, celles, par exemple, de : Heather Dohollau, délicatement, sereinement intense, puisant dans le passager« matière de lumière » ; Jeanne Hyvrard, si bellement militante, avec ses cascades et ses accumulations, entre « corps défunt de la comédie » et« formosité » ; Jacqueline Risset, ayant traversé ses « sept passages de la vie d'une femme », exploratrice aujourd'hui de la beauté des « instants » et des« petits éléments de physique amoureuse » ; Vénus Khoury-Ghata, riche en allégorisations et métaphorisations manifestement vécues ; Denise Le Dantec, voix à la fois de « la vie déserte » et des « campagnes heureuses », poète de l'herbe et des roses, grande « fileuse d'étoupe » ; Claire Malroux, à la recherche d'un « reverdissement », de ce qui problématise et possibilise ce qui est « entre nous et la lumière » ; Anne Teyssiéras, poète entre « Golem » et « seconde vie » ; Silvia Baron Supervielle, écrivant à l'intersection d'une « étrangeté » et LA POESIE FEMININE CONTEMPORAINE EN FRANCE1 1 1 d'une persistante « lecture du vent », toujours à la recherche de ses « nouvelles cantates ». La bibliographie qui suit n'est, nécessairement, que partielle, doublement : consacrée à une trentaine de poètes d'aujourd'hui en France, elle ne parle ni de celles qui sont décédées (Mansour, Van Hirtum, Collobert, etc.), ni de toutes ces poètes au Québec, en Acadie, en Belgique, en Afrique et ailleurs qui auraient pu attirer mon attention mais qui auraient nécessité une étude beaucoup plus vaste. Je n'oublie pas non plus, en France, celles que j'admire, que je lis, qui, faute d'espace, ne sont pas évoquées ici. La bibliographie se divise en deux parties : titres des auteures, titres d'ouvrages critiques (et parfois critico-anthologiques) consacrés entièrement ou en partie à ces auteures. Je ne cite ni comptes rendus (souvent assez nombreux dans la presse parisienne et provinciale, comme ailleurs, aux États-Unis, au Canada, en particulier World Literature Today, Littéréalité, etc.) ni articles (beaucoup moins nombreux) écrits ni en français ni en anglais. Impossible de commenter plus amplement ici, faute d'espace, cette étonnante richesse à la fois individuelle et collective, cette haute pertinence partout manifeste. Considérations pratiques Comment intégrer des éléments pertinents et représentatifs de cette littérature féminine dans les différents cours que nous enseignons? Réponse : systématiquement, avec détermination et avec conviction. Et à tous les niveaux, même dans les cours de langue de première année où il s'agit de choisir de...

pdf

Share