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Reviewed by:
  • Judging Homosexuals: A History of Gay Persecution in Quebec and France by Patrice Corriveau
  • Virginie Pineault
Patrice Corriveau, Judging Homosexuals: A History of Gay Persecution in Quebec and France (Vancouver: University of British Columbia Press 2011)

Adaptation de la thèse de Patrice Corriveau, Judging Homosexuals est la version anglaise de La Répression des homosexuels au Québec et en France, paru en 2006 aux éditions du Septentrion. Légèrement remanié et avec une trentaine de nouvelles références, l’ouvrage retrace l’histoire de la répression et de la gestion pénale des comportements homoérotiques au Québec et en France, du xviie siècle à nos jours. Malgré quelques lacunes, on peut se réjouir que ce livre unique et bien documenté puisse désormais bénéficier à un plus large lectorat.

En quelques décennies a lieu un renversement total de la rationalité pénale à l’égard des homosexuels. [End Page 266] Corriveau s’interroge : comment est-on passé de la peine de mort pour sodomie à la décriminalisation des mœurs homoérotiques, aux lois condamnant l’homophobie et, ultimement, à la reconnaissance des unions de même sexe? À travers l’analyse comparative des sociétés française et québécoise, l’auteur s’intéresse aux processus de construction et de déconstruction de la déviance et du crime. Il examine le rôle joué par la famille, le clergé, les médecins et les juristes dans la définition et la gestion de la personne homosexuelle. Ce faisant, il met à l’avant-plan les discours institutionnels qui ont légitimé sa prise en charge, son contrôle social puis sa normalisation subséquente.

Pour commencer, Corriveau dresse un bref portrait de l’évolution historique des conceptions de la sexualité et des interdits sexuels en Occident. Le chapitre 1 survole une longue période qui s’étend de l ’Antiquité grécoromaine, où l’homoérotisme est toléré, à la Renaissance, où les catégories et les modes de régulation de la sexualité se transforment profondément. Il y présente notamment les différentes interprétations quant au rôle du christianisme dans la montrée de l’intolérance envers l’homoérotisme. L’effectivité des interdits sexuels permet, à partir du Moyen Âge, aux autorités civiles et ecclésiastiques d’augmenter progressivement leur contrôle sur les sodomites, souvent associés aux hérétiques.

L’auteur enchaîne avec l’analyse comparative de la France et du Québec, deux sociétés apparentées culturellement, mais dont les traditions légales ont divergé. Le chapitre 2 porte sur la période qui s’étend de la Grande Ordonnance (1670) à la Conquête britannique (1760). La gestion des mœurs homoérotiques est alors analogue dans la colonie et sa mère patrie. À l’époque, les lois répriment un comportement et non une personnalité caractéristique. Acte contre nature, transgression de l’ordre divin, la sodomie est durement punie. Néanmoins, la répression pénale demeure extrêmement rare et les poursuites surviennent généralement lorsque d ’autres crimes violents s’ajoutent au délit sexuel, auquel cas le châtiment exemplaire du fautif contribue à la démonisation du sodomite. La nécessité de passer sous silence ce crime jugé innommable, car sa seule mention risquerait de scandaliser, d’inciter au péché, expliquerait l’écart entre la sévérité doctrinale et l’application des lois.

Entre 1760 et la fin du xixe siècle, il existe un écart de plus en plus marqué entre la métropole et son ex-colonie. Au chapitre 3, l’auteur contraste un Canada français dominé par l’Église catholique à une France marquée par la Révolution, où le droit se sécularise et où la médecine, d’abord mise au service de l’appareil juridique, élabore graduellement divers systèmes de catégorisation des pervers sexuels. La Conquête britannique entraîne l ’implantation du système criminel anglais qui châtie sévèrement les comportements homoérotiques masculins. À partir de la seconde moiti...

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