Abstract

Assia Djebar utilise, pour les détourner, des représentations appartenant au genre de la peinture ‘orientaliste’, comme dans Femmes d’Alger dans leur appartement (1980) et Vaste est la prison (1995). Comment réécrire, en langue française et sans le trahir, un monde de femmes dont les représentations historiques sont particulièrement informées par le discours orientaliste? Cette première interrogation qui sous-tend notre article se développera en une réflexion autour du rapport entre l’usage des différentes langues (arabe, français) et la mémoire des représentations algériennes d’abord orientalistes. Assia Djebar, contre toute forme d’amnésie historique et linguistique, tente de rassembler les différentes mémoires et langues algériennes accumulées au fil des conquêtes. Le ‘style en arabesque’ serait une tentative linguistique et poétique de détourner les représentations prises dans le filet de ce qui reste encore considéré par les Algériens comme un discours colonial. La figure de l’arabesque trahit le travail d’une structure en palimpseste; simultanément, elle désigne le mouvement subtil et ambivalent d’une présence entrelacée des langues et des représentations, visible pour le lecteur bilingue. Cette stratégie pour une Algérie plurielle et transculturelle s’oppose au discours monolithique de la construction identitaire algérienne officielle, nécessaire pour affirmer une arabité transcendante.

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