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  • Amérique du Nord. Québec
  • Jean Levasseur

Accompagnées de quelques entrées sur le reste de la francophonie canadienne ou de la francophonie en général

Allard, Caroline. Illustratrice Iris Boudreau. Pour en finir avec le sexe. Montréal: Hamac, 2011. isbn 9782894486771. 92 p.

Heureusement oubliée cette triste époque où le féminisme radical associait obligatoirement sexualité et oppression. La génération des années 1990 a repris avec plaisir(s) les joies de la séduction, conservant du même souffle cette liberté et cette libération que lui avaient généreusement remises les combattantes des années soixante. Si l’Europe francophone a son Titeuf et son légèrement pédagogique Guide du zizi sexuel (Zep et Hélène Bruller, Grenoble: Glénat, 2001) pour-quoi le Québec, après les narrations succulentes de Lili Gulliver (et même un guide léger, Comment s’amuser à séduire l’autre [Montréal: Éditions de l’Homme, 1994]), n’aurait-il pas droit à son recueil illustré et humoristique des choses du sexe? L’écrivaine Caroline Allard (Les Chroniques d’une mère indigne, 2007 et 2009) et l’illustratrice Iris Boudreau (Justine, 2010) joignent ici leurs forces, à défaut d’employer une série de jeux de mots de circonstance, pour présenter un savoureux petit ouvrage où aucun sujet ne demeure tabou: les préliminaires, la taille du “zizi” (18), les mystères de l’orgasme et la (non) question de l’orgasme simultané, les fantasmes et perversions, la “diplomatie” du refus (57), les “maladies de l’amour” (79 et suivantes), etc. Strictement humoristique, sans aucune prétention scientifique (malgré ses sections “Et vous” où l’on retrouve des témoignages véritables), Pour en finir avec le sexe n’en représente pas moins un texte symbolique, représentatif d’une société québécoise qui, de plus en plus, se délaisse de son accablant héritage judéo-chrétien pour embras(s)er les plaisirs de la chair et discuter de tous les problèmes et de toutes les situations. Évidemment, et avertissement, les perspectives et points de vue proposés sont presque exclusivement féminins et reprennent à l’ennui le mythe éternel, et typiquement nordaméricain, selon lequel, pour plaire à l’homo estupidus, il n’y a qu’à appuyer sur un bouton, métaphoriquement bien sûr! Site Web: www.hamac.qc.ca.

Archibald, Samuel. Arvida. Montréal: Le Quartanier éditeur, 2011. isbn 9782896980000. 315 p.

Les philosophes défenseurs du Nouveau Roman se retourneront dans leur tombe à la lecture de ce premier ouvrage de Samuel Archibald, de son métier [End Page 208] professeur de littérature et de cinéma. Parce que si la communauté de Lindon et Ricardou a célébré la mort du personnage et la venue d’un nouveau réalisme, Archibald, tout au contraire, nous plonge dans le mensonge et l’exagération pour proposer de l’imaginaire, et rien que de l’imaginaire . . . sur un fond de réalité. Nouvelle voix dans l’autoroute bondée de la fiction québécoise, ce jeune auteur se démarque tant par une imagination débordante que par une verve d’exception. Dans les quatorze histoires aussi fascinantes qu’abracadabrantes qu’il raconte ici, on lui pardonne donc aisément son instabilité narrative, qui le fait passer d’un niveau de langue à l’autre, du littéraire au joual, de l’envolée poétique au familier régional. Le conteur qui vibre en lui se donne en effet tout entier à ses personnages, énergiques, grouillants, inlassables, et dont les anecdotes de vie se transforment sous ses/leurs mots en authentiques légendes, dans la lignée des conteurs du dix-neuvième siècle. Narrateur philosophe, un peu trop quelquefois, Archibald nous offre ici une région, non pas une région fermée sur ellemême, mais une région de voyageurs dont les aventures sont venues enrichir la mémoire collective et le folklore local. “L’Amérique est une mauvaise idée qui a fait du chemin. C’est ce que j’ai...

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