Abstract

Tournier se réfère constamment au sacré. Le dictionnaire Le Trésor de la Langue française indique que le sacré se caractérise par l’opposition avec ce qui est profane. On peut se demander si Tournier ne remet pas en cause cette opposition lorsqu’il célèbre et sacralise le monde matériel. La première partie étudie dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique la métamorphose des éléments naturels, la terre, le vent, le soleil, perçus comme vivants, où se manifeste l’influence de la mythologie grecque et de la culture anthropologique de l’auteur. Dans la seconde partie, consacrée aux Météores, c’est le corps cosmique matériel de la pluie, du soleil et du vent, identifié au Saint-Esprit qui est célébré, manifestant l’influence de la religion chrétienne orthodoxe sur l’auteur. La troisième dégage la portée philosophique et spirituelle des images qui sacralisent la nature. “Naturaliste mystique,” Tournier exprime sa volonté de réconcilier la matière et l’esprit, le profane et le sacré. Il incite l’homme moderne occidental à redécouvrir une forme de spiritualité jusque dans le monde profane quotidien.

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