Abstract

L’expérience intime de la migration vécue par l’écrivaine antillaise Gisèle Pineau offre un point de départ commode pour comprendre la centralité de certains thèmes—notamment le voyage, l’aliénation, et l’exil—dans son œuvre. Pour Pineau, l’acte même d’écrire est une forme de voyage, une errance, et en fait l’errance, l’acte d’aller le plus loin possible, d’entrer dans, sous-tend toute la structure de son roman L’Espérance-macadam, suivant la notion de la “pensée de la trace” élaborée par Édouard Glissant, c’est-à-dire, comme un voyage rempli de sauts imprévisibles, de divagations, d’incertitudes menant tous à ce que Glissant appelle “l’art neuf du délacement du monde.” Le travail du lecteur de Pineau consiste donc à naviguer dans l’espace de la mémoire en tandem avec la protagoniste Éliette Florentine, pour qui ce voyage virtuel vers le souvenir reprimé ressemble pas mal à la navigation d’un hypertexte (Harpold). Cet article tente de tracer toutes les contingences, toutes les digressions, tous les décalages impliqués dans une telle traversée.

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