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Book Reviews161 l'asile de Montdevergues : s'il y avait possibilités de visites pour certains patients, ce ne fut pas son cas ; de plus sa mère avait donné l'ordre de n'envoyer ses lettres qu'à elle et à son frère Paul. Enfin elle s'opposa à ce qu'elle quitte l'asile en 1920. Par ailleurs, si l'artiste n'a jamais sculpté lors de son internement, persuadée « qu'on lui volerait tout ce qu'elle pourrait créer [...] » (249), Ayral-Clause considère cette attitude comme «un des rares moyens d'affirmer sa liberté » (249) et défend l'idée selon laquelle cette artiste fut victime d'un tempérament inconcevable pour une femme à son époque. Le lecteur apprend enfin que ses relations avec Paul et sa sœur Louise se détériorèrent au cours des années mais que Jessie Lipscomb, sa grande amie des débuts, et Eugène Blot ne l'abandonnèrent jamais. Ce livre écrit avec une grande justesse, insiste sur la destinée peu ordinaire d'une artiste à la personnalité hors du commun. L'étude lui rend justice en réexaminant sa vie autant professionnelle que personnelle de la manière la plus objective possible, laissant le lecteur libre de la considérer victime des conditions de la femme à cette époque, d'une maladie mentale incurable ou d'une mère décidée à ignorer les qualités d'une jeune femme désireuse de s'émanciper. Nous regrettons cependant que le terme « sculpteur » et non« sculpteure » ou « sculptrice » soit utilisé pour désigner une femme qui, par ses actes au 19e siècle, serait considérée comme une grande féministe au XXIe siècle. Nous ne pouvons que recommander cet ouvrage qui s'adresse aussi bien aux universitaires qu'au grand public. Cette étude menée avec précision et sensibilité rend hommage à une femme dont l'œuvre ne cesse d'émerveiller et d'émouvoir le public de notre époque. Béatrice Vernier-LarochetteLakehead University Benhabib, Djemila. Ma vie à contre-Coran. Une femme témoigne sur les islamistes. Montréal : VLB éditeur, 2009. Pp. 269. ISBN 978-2-89649-059-2. $24.95 can. D'emblée et sans ambages, les lecteurs pénètrent de plein pied dans le cœur de ce récit où l'histoire personnelle et l'histoire tout court sont imbriquées. Dès les premières phrases, le ton est donné, la force flagrante et le point de vue annoncé : « J'ai vécu les prémisses d'une dictature islamiste. C'était au début des années 1990 [...]. J'étais coupable d'être femme, féministe et laïque. Une dictature politico-religieuse sous l'égide du Front islamique du salut (FIS) menaçait mon pays. [...]. La terreur islamiste, je l'ai subie. Il n'y a pas de mots pour la décrire [...]. Elle me nouait les entrailles, m'écorchait la gorge, paralysait mon être [...] »(11). Si la peur entoure et détient l'auteure dès l'adolescence, elle ne l'emporte jamais sur son courage, sa détermination et sa combativité. Pour bien apprécier la gravité de son message, il faut commencer par la connaître et aller à la 162Women in French Studies découverte de ses origines tout à fait exceptionnelles : père algérien, docteur en physique, professeur d'université ; mère chypriote-grecque, docteure en mathématiques, professeure d'université ; naissance en Ukraine ; enfance et adolescence en Algérie. Dans cette famille de scientifiques engagés dans des luttes politiques et sociales, parlant russe chez eux, elle est « à l'âge de quatre ans [...] la seule à maîtriser [...] quatre langues » (14) — l'arabe, le français, le russe et le grec. Tout aussi exceptionnel est son parcours, fortement marqué par la politique islamiste de son pays et la montée de l'intégrisme. Condamnée à mort par les terroristes, la famille se réfugie en France où Djemila passe trois ans, avant de prendre son destin en main et de s'aventurer toute seule, « sans rien dire » (226) au Québec — une province sur laquelle elle ne sait « RIEN...

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