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1 60Women in French Studies Book Reviews Literary and Cultural Studies Ayral-Clause, Odile. Camille Claudel, sa vie. Paris : Hazan, 2008. Pp 342. ISBN 978-2-7541-0264-3. €15. Les lecteurs ne peuvent que se réjouir de trouver la version française de l'ouvrage Camille Claudel : A Life, paru en 2002 traduit par son auteure et qui n'y a apporté selon ses mots « que ce qui me semblait nécessaire pour l'adapter aux lecteurs francophones » (9). Camille Claudel, sa vie revisite de façon chronologique l'existence de cette sculpteure en évitant de l'associer à Auguste Rodin et retrace minutieusement sa maladie. L'objectif d'Odile Ayral-Clause est clairement exposé dès le début, à savoir de « séparer les faits de la fiction » (9) ce dont elle s'acquitte fort bien tout au long des vingt-trois chapitres qui composent cet ouvrage. Des extraits de la correspondance de Camille Claudel soutiennent non seulement l'argument de l'étude mais la rendent fort vivante, comme aussi les photos qui étayent le texte : l'artiste dans son atelier, la famille, les amis, certaines de ses sculptures et quelques-unes de Rodin. La vie de cette créatrice est évoquée la plupart du temps par rapport à la société dans laquelle elle évoluait, ce qui permet de découvrir les conditions de vie et de travail des sculpteurs et surtout des femmes artistes à Paris à la fin du XIXe siècle, avec l'injustice flagrante envers elles quant à l'attribution de récompenses dans les expositions (aucune femme ne faisait partie du jury du Salon). Si l'auteure reconstitue la liaison tumultueuse de Claudel et de Rodin, elle montre que cette femme a toujours été préoccupée de sa liberté et ne désirait en aucun cas une relation conventionnelle. Après leur rupture, elle continuera bien sûr à produire sans Rodin, même s'il l'aidera financièrement sans se faire connaître. Lorsqu'il s'agit d'évoquer l'apparition de sa « folie », l'auteure soutient qu'il s'agit d' « un terme dont on abuse trop souvent. Camille n'était pas folle. Elle créait, elle exposait et elle avait une vie sociale. Mais elle avait aussi des moments d'irrationalité qui faisaient peur aux gens qui l'aimaient [...] » (153). Cette attitude explique probablement pour Ayral-Clause la fin de sa liaison avec Rodin avec de plus l'épisode du travail « L'Âge mûr » (commandé par l'Etat mais qui ne lui fut jamais payé en entier) qui blessa le maître de voir sa vie privée exposée au grand public. Cette sculpture, refusée à l'Exposition universelle de 1900, ne fera qu'accentuer l'agressivité de Camille révélée ici par les lettres qu'elle rédigeait. Ayral-Clause reconnaît qu'elle avait besoin d'être soignée mais conteste sa situation de séquestrée lors de son enfermement à Book Reviews161 l'asile de Montdevergues : s'il y avait possibilités de visites pour certains patients, ce ne fut pas son cas ; de plus sa mère avait donné l'ordre de n'envoyer ses lettres qu'à elle et à son frère Paul. Enfin elle s'opposa à ce qu'elle quitte l'asile en 1920. Par ailleurs, si l'artiste n'a jamais sculpté lors de son internement, persuadée « qu'on lui volerait tout ce qu'elle pourrait créer [...] » (249), Ayral-Clause considère cette attitude comme «un des rares moyens d'affirmer sa liberté » (249) et défend l'idée selon laquelle cette artiste fut victime d'un tempérament inconcevable pour une femme à son époque. Le lecteur apprend enfin que ses relations avec Paul et sa sœur Louise se détériorèrent au cours des années mais que Jessie Lipscomb, sa grande amie des débuts, et Eugène Blot ne l'abandonnèrent jamais. Ce livre écrit avec une grande justesse, insiste sur la destinée peu ordinaire d'une artiste à la personnalité hors du commun. L'étude lui rend justice en réexaminant sa vie autant professionnelle que personnelle de la manière...

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