Abstract

Fille de grand banquier juif, Viviane Dreyfus-Forrester vécut son adolescence en France sous l'Occupation allemande (1940-1944). Victime des lois raciales, la famille de l'auteure tente de fuir vers l'Espagne lorsque les Allemands envahissent la zone libre en 1942. Tout au long de leurs déplacements sinueux, l'adolescente jette un regard lucide sur elle-même et sur les siens, n'épargnant personne par ses commentaires imprégnés d'humour, d'ironie et de vérité. Forrester nous donne l'illusion, à nous lecteurs, de pénétrer son monde adolescent et de partager sa soif de vivre, sans pour autant occulter la guerre omniprésente. Elle réussit à nous « faire avoir » quinze ans (et c'est bien là que réside toute la beauté de son texte).

Ce projet de recherche est né de la perplexité provoquée par la pléthore de passages humoristiques qui relatent les événements douloureux de la guerre et de la Shoah dans Ce soir, après la guerre sans pour autant éclipser les descriptions poignantes de la persécution, de la mort et du traumatisme des Juifs. Le ton acéré, teinté d'humour et de douleur, provoque un décalage entre la réalité de la guerre et les vicissitudes de l'adolescence, entre sphère publique et sphère privée. Emerge alors un paradoxe qui repose sur un usage de l'humour dans un contexte dramatique.

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