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Book Reviews129 et la volonté Divine, plane même sur les récits inspirés par le voyage de l'auteur aux Antilles en 1 802, notamment « Sarah » et « Adrienne ». Toutefois, dans ces nouvelles très emblématiques de la littérature pastorale, on dégage des traits caractéristiques de la littérature romantique de l'époque où le sentimental et l'exotique frôle le social, le politique et l'historique ; de plus, une conscience moderne naissante trouve ses premières expressions, lorsque l'écrivaine s'interroge sur la légitimité de la traite des esclaves, et expose le caractère fictif, donc problématique, de la notion d'esclave, comme le remarque très justement Boutin. Les étudiants aussi bien que les spécialistes des études postcoloniales liront à profit ces rares nouvelles reliant à la fois la vision cosmique de la littérature pastorale, certaines propriétés de la littérature romantique de l'époque et les tenants d'une conscience moderne. Safoi Babana-HamptonMichigan State University Monicat, Bénédicte. Devoirs d'écriture : Modèles d'histoires pour filles et littérature féminine au XIXe siècle. Lyon : Presses Universitaires de Lyon, 2006. Pp 282. ISBN 2-7297-0783-2. 20 €. L'étude critique consacrée par Bénédicte Monicat à la littérature d'enfance et de jeunesse du XIXe siècle sort de l'oubli une variété de textes considérés pour la plupart dépourvus de valeur littéraire, mais qui témoignent du rôle considérable joué par les femmes écrivains dans l'instruction et l'éducation des jeunes filles. Selon l'auteure de cette étude, ces textes moralisants et didactiques se prêtent parfois à des transgressions génériques inattendues, révélant le plaisir et le désir d'écrire de celles pour qui l'écriture ne devait être qu'un simple devoir destiné à l'apprentissage d'un lectorat féminin. Dans l'introduction à son livre, Monicat précise clairement son intention d'identifier les lignes de forces d'une littérature marginalisée de nos jours, mais qui a joui d'un immense succès, fait attesté d'ailleurs par le marché du livre de l'époque. Adoptant une perspective féministe, elle montre comment des récits de longueur et de valeur inégales ont contribué à la perpétuation des stéréotypes liés à lajeune fille modèle du XIXe siècle. Elle constate aussi qu'un certain nombre d'écrits édifiants, moins conformes aux exigences génériques, sortent du domaine du simple exercice d'écriture destiné à l'apprentissage des jeunes filles. Ces écrits, conclut-elle, présentent plusieurs caractéristiques d'une véritable littérature écrite par les femmes pour les futures femmes. L'étude de Monicat s'organise en quatre parties distinctes, chacune contenant trois chapitres. L'échantillon varié d'auteures et de textes retenus pour illustrer son propos est soumis à une fine analyse thématique et générique au cours de laquelle elle se penche sur le paradoxe de l'écriture d'enfance et dejeunesse du XIXe siècle, résumé comme suit : « la femme qui écrit ne doit pas écrire mais écrit par devoir » (15). Le titre de la première partie de cet ouvrage, « A l'aventure », semble pour le moins surprenant, car traditionnellement on associe l'aventure aux garçons. 1 30Women in French Studies Mais on constate que Ie motif littéraire du voyage, qui remonte loin dans Ie passé, n'est qu'un prétexte pour les discours moralisants et didactiques s'adressant aux jeunes filles dans le but de cultiver en elles les qualités exigées dans toute société patriarcale. Si les robinsonnades du premier chapitre illustrent la ségrégation sexuelle considérée normale à l'époque, les récits organisés autour des grands voyages, tel Le Journal de Marguerite de Victorine Monniot, mettent en lumière la ségrégation raciale. Ainsi, la créole, femme dénaturée des romans exotiques, servira-t-elle d'anti-modèle aux lectrices dont on exigeait vertu et pureté, qualités maîtresses d'une « petite fille naturelle...

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