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Reviewed by:
  • Les interactions dans l’enseignement des langues. Agir professoral et pratiques de classe
  • Cécile Sabatier
F. Cicurel (2011). Les interactions dans l’enseignement des langues. Agir professoral et pratiques de classe. Paris : Didier. Pp. 287, 18.8 (broché).

La complexité des pratiques de classe et des interactions inhérentes à la relation didactique établie entre un enseignant en charge de transmettre des savoirs et savoir-faire et desélèves qui doivent les mobiliser pour construire des gestes d’apprenants, interroge la notion de l’agir enseignant. L’ouvrage de Francine Cicurel participe à la compréhension de cet objet d’étude entre théorisation et modélisation de l’activité professorale autour des gestes professionnels et des caractéristiques de l’activité du professeur en interaction avec celle de l’élève en articulant a) les fondementsépistémologiques qui permettent de saisir les (en) jeux de la co-activité enseignant-élèves dans le contexte de la classe, b) un cadre réflexif pour enseigner-transmettre-apprendre dans une perspective actionnelle et située et c) des pistes d’auto-formation qui incitent le lecteur à interroger sa propre posture face à ce qui est donné à observer et à analyser.

Construit à partir d’une riche expérience empirique de la salle de classe, et en particulier de la classe de langues, appuyé par une recension des écrits qui balaie les champs disciplinaires mobilisés (de la sociologie de la connaissance à l’ethnométhodologie et à la linguistique des interactions, ou au courant Teacher Cognition) et illustré par des extraits de corpus de recherches, le livre jette un regard informé, compréhensif et critique sur le monde de la classe.

L’ouvrage débute par quelques repères pour appréhender l’évolution des fondements disciplinaires etépistémologiques qui sous-tendent la problématique de l’agir enseignant en rappelant la primauté de la médiation langagière – et donc des interactions – dans l’activité didactique. Posant l’asymétrie du dialogue didactique, Francine Cicurel revisite la longue tradition de recherche dans les classes. Des [End Page 119] paradigmes cognitivistes aux paradigmes interactionnistes, elle souligne les interdépendances des champs de recherche qui marquent de leur empreinte la compréhension de l’objet d’étude. Le chapitre 1 revient sur le dispositif interactionnel de la classe pour fournir les jalons nécessaires à la définition de ce « lieu ordinaire » (Cicurel, 2002) à la fois comme un terrain de recherche où gestes et paroles professionnels prennent place et peuvent être observés et analysés, un contexte d’apprentissage en soi, et un lieu social avec des règles de communication qui génèrent des interactions (à visée didactique) entre enseignant et élèves, et d’où découlent des positions interactionnelles qui se manifestent dans les discours. Reprenant la métaphore goffmanienne, Francine Cicurel esquisse les interactions didactiques comme une scène théâtrale située dans un cadre spatio-temporel précis, avec des rôles spécifiques et changeants pour les interactants de l’échange, un canevas discursif co-construit, un contrat didactique qui régit la co-activité enseignant-élèves, et des scénarios pour la transmission des savoirs et la didactisation de la parole apprenante. Dans les chapitres 2 et 3, l’auteure revient sur la dimension fictionnelle de la communication en classe de langue, revisitant un artifice longtemps déclaré de la classe de langue : la recherche d’une communication ‘authentique’ à des fins didactiques. Les chapitres 4 et 5 s’attachent à caractériser théoriquement la notion d’agir professoral. Tandis que le chapitre 4 ramène le lecteur aux théories de l’action, le chapitre 5 présente une caractérisation des gestes et ajustements en situation des enseignants. Et tout comme il est courant en didactique des langues d’évoquer les profils d’apprenants, Francine Cicurel rappelle qu’il faut tenir compte dans l’interaction didactique des styles d’agir professoral. A partir de trois notions centrales – répertoires, pratiques et postures, l’auteure insiste sur les manières de dire, de faire et de transmettre des enseignants, questionnant implicitement les valeurs, connaissances et compétences que ces derniers disent mobiliser dans...

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