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230Women in French Studies Nadine Lefébure. Femmes Océanes. Les grandes pionnières maritimes. Grenoble: Editions Glénat, 1995. 333 pages. ISBN: 2-7234-1812-X. Destiné au grand public, le livre de Nadine Lefébure vise à combler une lacune dans l'histoire des grandes pionnières maritimes en y insérant les noms de six femmes passionnées par la mer. Démarche peu encourageante au départ, puisqu'elle débute sur un constat d'échec: absentes des voyages de grandes découvertes, les femmes océanes restent aussi peu nombreuses à l'ère des voyages scientifiques. Mais plutôt que de se demander pourquoi l'association mère/mer, si bien ancrée dans l'imaginaire symbolique, correspond si mal à la réalité, Lefébure, plus pragmatique, retrace les contributions de quelques pionnières qui font exceptions à la règle. Clairement passionnée par son sujet, l'auteur a bien du mal à se limiter à six figures de proue. Le prologue, ébauche d'autres livres à écrire, énumère à lui seul, sur une trentaine de pages, les exploits de douzaines de femmes qui mériteraient davantage d'attention. Certaines de ces mini-biographies sont mieux dessinées et plus fascinantes que d'autres, celle de Jeanne Baré, par exemple, sur qui l'on sait peu, sinon qu'elle participe au célèbre voyage de Bougainville en tant que domestique du médecin botaniste Commerson et déguisée en homme. Le sous-titre "les grandes pionnières de la mer" peut prêter à confusion. Que le lecteur ne s'attende pas à rencontrer ici d'héroines de roman, les femmes pirates furtivement évoquées par James Fenimore Cooper dans Le Tueur de daim ou par Balzac dans La Femme de trente ans, pas plus, nous prévient l'auteur, que de "marginales qui veulent échapper à l'empire de l'homme" (12)—presque toutes sont mariées. En fait, il s'agit dans l'ensemble, soit de grandes voyageuses, soit de femmes pour qui la mer est un métier. Rose de Freycinet (1794-1832) entre dans la première catégorie puisque l'honneur lui revient d'être la première femme à avoir fait le tour du monde. C'est pour ne pas être séparée de son époux, chargé de diriger une expédition scientifique, qu'elle s'embarque sur l'Uranie, en passager clandestin, puisque les femmes ne sont pas admises sur les navires de l'Etat. Son journal de bord, publié en 1927 seulement, documente les progrès du voyage (1817-1 820) et l'intérêt de Rose pour les sciences naturelles, la géographie, et les cultures rencontrées en cours de route. Plus d'un siècle plus tard, c'est dans un tout autre esprit qu'Annie Van de Wiele (1922) sillonne les mers à la voile avant de publier ses récits de voyage (Pénélope était du voyage et Aufil de l'entrave). Dans la catégorie des femmes de bords de mer, c'est à dire des savantes, on trouve d'abord Jeanne Power ( 1 794- 1871) dont la vie tient du conte de fées. Jeune Limousine montée à Paris, Jeanne se fait un nom dans la confection, épouse le prince charmant et part s'installer au soleil avec lui à Messine. Le conte ne fait que commencer, car naît alors une passion nouvelle, pour les sciences de la nature cette fois. "Menant de front vie mondaine et vie de recherche" (128) elle invente les aquariums, afin d'étudier les spécimens marins en vie, ainsi que les cages "à la Power" qui permettent de les récolter. Sa découverte de l'argonaute, un céphalopode, la rend célèbre en 1 832. Vient ensuite Sophia Pereyaslawzewa (1851-1903), savante Book Reviews23 1 de formation plus rigoureuse. Munie d'un doctorat en sciences de l'université de Zurich (1876), elle entre comme chercheuse à la station de biologie de Sebastopol, station qu'elle finira par diriger. Si Anna Weber Van Bosse ( 1 852- 1 942) artiste reconvertie en algologue, fut à la fois savante et grande voyageuse, la carrière d'Annie Conti (1899) est sans doute...

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