Abstract

Dans son étude La Sorcière, Jules Michelet brosse le tableau de la résistance radicale d'une catégorie de femmes au Moyen Age. Si, tout comme la figure du révolutionnaire de 1789, Michelet décrit la sorcière comme l'ennemi du prêtre, « le péril » même du clergé, la caractéristique la plus remarquable de la sorcière tient à son pouvoir de parthénogenèse : « sa sublime puissance de la conception solitaire ». Comme le terme de « parthénogenèse » dérive du grec parthenos (vierge, immaculée), nous comprenons que la sorcière représente une figure de chaos particulièrement dangereuse pour l'Eglise puisqu'elle reprend, autrement, le rôle de la matrice féminine du Christianisme. Dans l'analyse de Michelet, la sorcière remplacera même la figure privilégiée de l'homme-génie du peuple révolutionnaire. Son pouvoir parthénogénétique de création à partir de rien, constitue un modèle puissant pour l'histoire générale de l'émancipation des femmes, notamment en ce que la sorcière agit en rupture radicale d'avec les conditions de son oppression.

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