Abstract

La mort de Francis Sancher, le héros décu, déchu, et pourtant messianique de Traversée de la mangrove, invite à lire le roman de Maryse Condé comme une réécriture à la fois sympathique et critique du roman engagé, la compassion remplaçant la violence et le poète le guerrier, tandis que l'espoir utopique de la révolution se déplace du politique au psychologique, du collectif à l'individuel, du masculin au féminin. Plutôt que de conduire à la neutralité indifférente du désengagement, la mort de Francis Sancher offre l'issue d'un dégagement vital, hors de l'obsession paralysante du passé colonial. L'auteur cependant ne livre jamais le sens en clair. Elle en indique seulement la trace, ramifiée en un réseau complexe de renvois intra- et inter-textuels qui tiennent le lecteur en éveil, sans l'éblouir par un vain formalisme. Le personnage du héros étant à la fois historique et livresque, sa disparition affecte tous les niveaux du roman.

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