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  • Raynal et ses réseaux
  • Andreas Motsch
Raynal et ses réseaux. Textes réunis et présentés par Gilles Bancarel. (Dix-huitièmes siècles, 160). Paris: Honoré Champion, 2010. 390 pp.

‘Derrière l’aspect technique de [L’Histoire des deux Indes], sa dimension littéraire, scientifique, historique, politique ou éditoriale, existe-t-il une dimension humaine, ciment de toutes les autres?’, ou, en des termes méthodologiques, ‘Une approche du réseau des correspondants est-elle possible?’ (pp. 11–12). Voilà un questionnement qui vise directement le statut de Guillaume-Thomas Raynal par rapport à son œuvre. Les quinze contributions cherchent ainsià éclaircir les relations personnelles de Raynal afin d’évaluer leur rôle éventuel, tout comme celui de l’auteur, pour la production de son œuvre. Alors que la plupart des contributions se penchent sur le personnage même de Raynal et de son réseau personnel, quelques-unes s’intéressent aux connexions de ses idées et discours avec des interlocuteurs virtuels. François Moureau inaugure la révision de l’image de Raynal en soulignant ses activités comme écrivain et journaliste. Analysant son portrait dans la presse clandestine, Moureau traite avec finesse du paradoxe d’un auteur à la fois au service du roi et victime de sa censure, mais aussi du statut du philosophe soucieux de son prestige international. Dans le même axe de recherche, Jean-Daniel Candaux se penche sur la perception de Raynal à Berlin et Guilhem Scherf sur les stratégies d’autoreprésentation. D’autres chercheurs — Pierre Pinon, Gilles Bancarel, Alain Roman, et Michel Dürr — s’intéressent plus spécifiquement aux relations de Raynal. Les liens entre Jacques Necker et Raynal sont exposés minutieusement par Kenta Ohji, qui retrace comment les visions politiques et philosophiques des deux hommes déterminent leur rapport personnel, le destin de la Compagnie des Indes ainsi que l’évolution des représentations de cette dernière dans L’Histoire des deux Indes. L’analyse d’Ohji est exemplaire: se concentrant sur un élément clef de son réseau personnel, elle fait aussi progresser notre compréhension de la genèse de l’œuvre et démontre l’interdépendance entre l’œuvre et le contexte historique plus large. C’est ainsi que le volume prend une hauteur de vue et s’ouvre sur des sujets contemporains (théories économiques, politique coloniale) analysés dans l’impact qu’ils eurent sur Raynal et son œuvre. Par rapport au contexte historique, Max Guérout offre une contribution focalisée sur la traite des esclaves, et Jonathan Camio une évaluation nuancée de Raynal par rapport à la controverse déclenchée par Cornelius de Pauw sur ‘l’infériorité’ du continent américain. Ce débat refait surface [End Page 100] dans l’analyse d’Ottmar Ette, qui propose une archéologie de la pensée de la globalité laquelle finit d’ailleurs par offrir un regard tout à fait novateur sur de Pauw. Bien qu’Ette n’accorde à Raynal qu’une présence très marginale, sa réévaluation de l’apport de de Pauw comme penseur de la globalité des forces historiques dans des termes différents de ceux de Georg Forster, Raynal et surtout Alexandre de Humboldt invite à resituer L’Histoire des Indes dans le cadre différent des débats sur l’universel au dixhuitième siècle et des débats postcoloniaux actuels. En conclusion, si les analyses des relations personnelles de Raynal restent plutôt ponctuelles, elles s’avèrent fructueuses dans leur combinaison avec les études plus traditionnelles sur le contexte historique et idéologique de Raynal.

Andreas Motsch
University of Toronto
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