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Women in French Studies L'HUMOUR DANS LA JEUNE MORTE EN ROBE DE DENTELLE DE JEANNE HYVRARD Monique Saigal Pomona College Peut-on parler d'un rapport étouffant mère-fille sous un angle comique? Comment l'humour peut-il libérer l'opprimée et en quoi consiste cet humour'? C'est ce que j'aimerais explorer en examinant un ouvrage de Jeanne Hyvrard intitulé La Jeune morte en robe de dentelle et publié en 1990. Jeanne Hyvrard, qui est professeur d'économie politique dans un lycée technique de Paris, publie des ouvrages littéraires dont le thème fondamental est celui de la colonisation présentée sous des angles divers. Elle reprend ce même thème dans son dernier livre, La Jeune morte en robe de dentelle, composé de courts fragments, où domine l'appropriation maternelle que j'ai analysée ailleurs dans un contexte tragique.1 Là, je parlais d'abjection en termes kristeviens et je disais que "l'abject [était pour la femme] un espace indicible entre sujet et objet qui dépasse les limites du moi et de l'autre et se trouve à l'intérieur et à l'extérieur du corps" (413). Ce "dépassement" ou cet excès est justement ce qui peut être interprété comme source de comique. L'excès est ce qui se trouve en deçà ou en delà de la norme. Il suscite la répression et la contrainte de la société qui provoquent par effet pervers l'outrance de la narratrice. De plus, le décalage entre normal et anormal est également une forme d'expulsion d'un surplus. Dans La Jeune morte de Jeanne Hyvrard, nous allons examiner le comique illustré d'une part par l'excès et d'autre part par le décalage. Un des excès dont parle Hyvrard dans La Jeune morte, et qui est des plus discutés aujourd'hui dans notre société, est celui de l'excès alimentaire, et son corollaire, les régimes à suivre. On nous assène des méthodes miracles qui devraient nous débarrasser de l'excès de poids nuisible à notre personne. Mais malgré la publicité des médias, les Jenny Craig et les conseils de personnes bien intentionnées, on sait que faire un régime est voué à l'échec. Dans le livre de 45 Women in French Studies Jeanne Hyvrard, la question du régime imprègne le texte et sert de métaphore à signifiés multiples. La Jeune morte brosse le portrait monstrueux d'une mère nécrophage, "elle," qui vampirise sa fille, "je," de sorte à se l'assimiler pour former l'identité de la fille (FR 412). La fille-narratrice refuse de se laisser réduire par la mère dont le régime est d'exclure tout ce qui excède ses règles. Celle-là triomphe de celle-ci au moyen de l'écriture qui est hors d'atteinte de la mère. Le Verbe devient la puissance de la fille contre la mère et lajeune morte se révèle alors la "jeune née. Le livre d'Hyvrard traite de la lutte contre l'excès à tous les niveaux. La réglementation que la mère évoque à maintes reprises dans son énoncé: "je vais te mettre au régime," joue sur plusieurs registres qui vont du registre de l'alimentaire, à l'hygiène du corps, au régime militaire et politique, voire au registre psychologique et même grammatical. Le désir de contrôle de la mère qui, dans la plupart des cas. provoquerait une situation tragique, est présenté chez Hyvrard selon une tonalité comique à cause de la rigidité excessive du personnage. La mère illustre la thèse bergsonienne du "mécanique plaqué sur le vivant" et la lectrice avisée sourit devant l'inflexibilité de cet "elle" qui s'obstine à croire à l'impossible. Malgré l'horrible rapport étouffant entre mère et fille, il y a distanciation et, grâce à cela, comique. "La tragédie," dit Charles Mauron, dans Psychocritique du genre comique, "joue de nos angoisses profondes, la comédie, de nos...

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