In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Le roman français de l’extrême contemporain. Écritures, engagements, énonciations
  • André Lamontagne (bio)
Le roman français de l’extrême contemporain. Écritures, engagements, énonciations.s. la dir. de Barbara Havercroft, Pascal Michelucci et Pascal Riendeau, Québec, Nota bene, 2010, 453 p., 32,95$

Dans une sphère littéraire en proie à des difficultés d’ordre taxinomique depuis la fin du modernisme, la notion d’ « extrême contemporain » – quelque peu française dans son insularité – désigne une production romanesque plurielle, une constellation d’œuvres en mal de termes fédérateurs. Le présent ouvrage, fruit d’un colloque tenu à l’Université de Toronto en 2007, s’attache à décrire un champ conceptuel et un corpus peu circonscrits en explorant les frontières du roman et les limites du romanesque dans ses rapports avec la contemporanéité. Il réunit une vingtaine de contributions disposées autour de quatre axes : l’écriture des idées, du jeu, du réel et de soi.

En ouverture de la section consacrée aux romans idéels, Florence de Chalonge esquisse les contours d’une poétique de l’entretien pour rendre compte des derniers ouvrages de Marguerite Duras, qui retrouvent dans l’adresse et la parole partagée le sens de l’écriture. Pascal Riendeau nous invite à découvrir ou comprendre l’œuvre monumentale de François Taillandier, une fresque à la manière de Balzac qui renouvelle le roman familial en y insérant des fragments essayistiques, des hypothèses sur la société moderne formulées par des personnages qui assument leurs contradictions. Battant en brèche l’idée reçue d’une dés-affection sociale de l’écrivain contemporain, Liesbeth Korthals Altes fait une lecture comparative des fictions critiques de François Bon et Tassadit Imache sous l’angle de l’engagement. De l’univers des banlieues à celui des usines, les deux écrivains entraînent le lecteur dans un espace [End Page 499] de représentations concurrentielles traversé par la problématique langagière. Dans un registre différent, Élisabeth Nardout-Lafarge analyse l’hypothèse qui est au cœur de La réfutation majeure de Pierre Senges, hypothèse toute borgésienne qui attribue à un auteur de la Renaissance un manuscrit dénonçant le canular de la découverte de l’Amérique. Ici, c’est dans le commentaire et l’érudition que se love le récit, dans l’ombre des métarécits que constituent le savoir et le roman. Dominique Viart conclut cette section par un article-phare sur « La littérature contemporaine et la question du politique ». Entre les exofictions, les sociofictions et les fictions enquêtrices, Viart dresse l’inventaire des modes de présence et de traitement du politique dans une littérature française qui demeure héritière de l’ère du soupçon dans sa volonté de déconstruire le discours d’autorité et de responsabiliser le lecteur.

Si l’écriture du jeu constitue un phénomène récurrent dans les périodes de transformation littéraire, elle prend un tour plus radical dans l’extrême contemporain avec la remise en cause de la référentialité. Warren Motte prend pour exemple le roman Western, dans lequel Christine Montalbetti jongle avec les traditions littéraires et cinématographiques, de même qu’avec les poncifs narratifs, pour différer sans cesse la diégèse et noyauter le roman comme forme culturelle. Pour sa part, Bertrand Gervais lit dans Le décodeur de Guy Tournaye, un roman hautement expérimental dont la structure calque la dissection d’un condamné à mort au Texas, un nouveau récit de la fin de la littérature : un texte-fantôme, un texte qui devient une figure de texte. Gianfranco Rubino trace les lignes d’un romanesque résiduel et reconquis chez Jean-Philippe Toussaint et autres écrivains minimalistes (dont Christian Oster et Christian Gailly). Ici, le jeu passe par la problématique du mouvement des personnages, des déplacements gratuits, sans valeur ajoutée. Dans un article incisif, intitulé « Raconter ou fabuler la littérature ? Représentation et imaginaire litt...

pdf

Share