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Reviewed by:
  • Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Deux solitudes et un duo
  • Adrian Van Den Hoven (bio)
Carole Potvin, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Deux solitudes et un duo, Québec, Nota bene, 2010, 170 p., 23,95$

Cette étude, affirme Carole Potvin, est basée sur « sa thèse de doctorat », mais elle « en est très différent[e] tant par l’approche que par le regard ». Elle s’est penchée surtout sur la correspondance échangée entre Sartre et Beauvoir quand le premier était météorologue dans l’armée française lors de la drôle de guerre (1939–1940), mais elle a aussi consulté le Journal de jeunesse inédit de Beauvoir, les originaux de ses lettres, tous les écrits des deux ayant trait à cette période ainsi que les œuvres biographiques et critiques les concernant. Mais elle ne fait aucune mention du recueil de nouvelles intitulé Anne, ou quand prime le spirituel (1937) et réédité par Gallimard en 1979. Ces nouvelles d’inspiration autobiographique parlent de sa vie turbulente et de celle de ses amis (parmi lesquels figurait Merleau-Ponty) juste avant qu’elle ne fasse la connaissance de Sartre. L’auteure ne mentionne pas non plus les articles et l’étude d’Isabelle Grell intitulée Les chemins de la liberté de Sartre, genèse et écriture (Bern, Peter Lang, 2005). Cette étude très perspicace passe en revue plusieurs des éléments du travail de Potvin.

L’objectif de l’auteure est de discerner l’évolution des rôles joués par Sartre et Beauvoir pendant cette période, et sa tâche n’était pas des plus faciles. Admettons-le, en dépit du fait que les deux avaient signé un pacte déclarant que leur amour était nécessaire, un pacte qui a tenu bon jusqu’à ce que, vers la fin de la vie de Sartre, Benny Lévy détruise ce qui était devenu une façade ; les deux menaient une vie affective tellement compliquée que les ménages à trois reflétés dans leurs œuvres n’en sont qu’un pâle reflet. Dans ‘la petite famille’, Beauvoir remplaçait et le père et la mère de Sartre mais, ce qui était sans doute plus important, en public elle était sa compagne officielle et du point de vue professionnel elle jouait le rôle essentiel de critique et d’éditeur de son œuvre. Si, à cette époque, Sartre entamait des liaisons avec de multiples jeunes femmes (la plupart du temps des étudiantes de Beauvoir), de son côté Beauvoir entretenait des liaisons lesbiennes avec les mêmes filles et était aussi, en secret, la maîtresse de Bost, un étudiant de Sartre qui venait d’épouser une des étudiantes de Beauvoir du nom d’Olga. Donc en fait ‘la petite famille’ était plutôt une constellation au centre de laquelle se trouvaient Sartre et Beauvoir qui en constituaient les personnages principaux tandis que les autres femmes et hommes servaient à la fois le rôle d’amantes et d’amants et étaient des sources d’inspiration théâtrale et romanesque (exemples Huis clos, Les chemins de la liberté de Sartre et L‘invitée de Beauvoir).

Potvin a divisé son étude en quatre parties : une courte préface, suivie par trois chapitres dont les deux premiers sont divisés en plusieurs sections et dont le dernier constitue la conclusion. Elle discute d’abord de « la grandeur de Sartre » parce qu’en 1939 il avait déjà établi une certaine [End Page 496] réputation comme romancier, philosophe et critique littéraire. Dans l’armée en Alsace et en attendant que la guerre éclate, il exploitait toutes ses heures libres à lire et écrire. Potvin déclare qu’à ce moment « [l’]écriture est la signature de son être ». Ses lectures, ses missives à Beauvoir, à ses amies et à sa mère, le journal qu’il tenait (les carnets retrouvés ont été publiés sous le titre de Carnets de la drôle de guerre), la trilogie romanesque qu’il préparait illustrent que Sartre travaillait avec acharnement à établir sa carrière et...

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