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Reviewed by:
  • L’affaire Michaud. Chronique d’une exécution parlementaire
  • Alexandre Turgeon (bio)
Gaston Deschênes, L’affaire Michaud. Chronique d’une exécution parlementaire, Québec, Éditions du Septentrion, 2010, 251 p., 22,95$

Il est de ces choses qui prennent une vie à se faire, et qu’une heure à peine suffit à défaire. Il en est ainsi de la réputation d’Yves Michaud. En l’espace d’un peu plus d’une heure, l’Assemblée nationale du Québec [End Page 491] a adopté à l’unanimité une motion, le 14 décembre 2000, laquelle dénonce « les propos inacceptables à l’égard des communautés ethniques et, en particulier, à l’égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal ». En sa qualité de directeur de la recherche à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, Gaston Deschênes fut appelé dès les premiers instants à se pencher – et à se prononcer – sur les circonstances de l’affaire. Incrédule, il dut se résoudre à l’évidence : l’Assemblée nationale venait bel et bien de blâmer un simple citoyen pour ses propos, sans que celui-ci ait pu s’expliquer de quelque façon que ce soit. À la retraite depuis 2004, Gaston Deschênes a voulu comprendre ce qui s’est passé, le 14 décembre 2000. Comprendre comment – le mot est important – l’Assemblée nationale a pu ainsi en venir à blâmer Yves Michaud sans lui donner l’occasion de laver son honneur, et ce, dans d’aussi brefs délais. Dégoûté par les ramifications de l’affaire Michaud, l’historien a toutefois cédé le pas au citoyen qui s’est engagé dans la Cité, sinon pour réparer les torts, du moins pour dénoncer l’injustice faite à Yves Michaud. Mais l’historien n’était pas loin derrière, et a permis au citoyen de profiter du savoir-faire et de sa connaissance encyclopédique de la procédure parlementaire. D’emblée, l’auteur a mis cartes sur table. Il s’agit bien d’une chronique, mot admirablement choisi dans les circonstances, et non d’un ouvrage historique à proprement parler.

L’ouvrage se divise en sept chapitres où l’auteur passe au crible les moindres dessous de l’affaire, en ne laissant rien au hasard. En fait, l’ouvrage se lit tel un roman policier, avec ses conventions et ses clichés, ses bons et ses méchants, où le lecteur suit l’auteur pas à pas, au fil de son enquête. . . L’ouvrage commence à l’Assemblée nationale qui se transforme en tribunal, le temps que Jean Charest pose une question anodine en apparence à Lucien Bouchard. L’accusé de cette sordide affaire ? Yves Michaud, à qui l’on reproche d’avoir tenu des propos haineux, voire antisémites. Mais quel est donc cet homme, à qui l’on reproche un crime si odieux ? Le deuxième chapitre est l’occasion de revenir sur le parcours et les engagements politiques et sociaux d’Yves Michaud, le « Robin des Banques » qui fut journaliste et homme politique. Mais qu’a-t-il dit, au juste, de si terrible pour mériter pareille motion ? Le troisième chapitre est consacré à cette question, alors que l’auteur montre hors de tout doute – en retournant au procès-verbal des États généraux sur le français à Montréal – que Yves Michaud n’a jamais tenu de propos antisémites.

L’accusé étant innocent, la motion qui le frappe n’en est dès lors que plus infâmante. Qui plus est, quoique l’on en dise, cette motion est sans précédent dans les annales parlementaires de britannique. Trois causes ont certes été évoquées dans les médias comme autant de précédents, mais l’auteur les démonte toutes au quatrième chapitre. Les deux chapitres suivants sont consacrés aux suites de l’affaire, une fois la motion [End Page 492] adoptée, et en particulier aux tentatives du principal intéressé d’obtenir réparation auprès de l’Assemblée...

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