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  • À la hache et au scalpel. 70 éditoriaux pour comprendre Le Devoir sous Gérard Filion ⋅ 1947–1964
  • Valérie Lapointe Gagnon (bio)
Michel Lévesque, À la hache et au scalpel. 70 éditoriaux pour comprendre Le Devoir sous Gérard Filion · 1947–1964. Réunis et commenté spar Michel Lévesque, Québec, Septentrion, 2010, 449 p., 34,95$

Fier de son indépendance qu’il a conservée non sans joute contre les responsables politiques, Le Devoir est, depuis sa création par Henri Bourassa, un organe de presse qui a agi sur tous les fronts pour défendre les intérêts de la province du Québec, des plus pauvres, pour dénoncer les malversations des élus et les abus des « coquins ». L’orientation et le rôle de « chien de garde » du journal ne changeront pas sous la gouverne de Gérard Filion, qui en reprend les rênes après une période trouble marquée par la maladie de son prédécesseur, Gérard Pelletier. Avec André Laurendeau et d’autres collègues tels que Pierre Laporte et Paul Sauriol, Le Devoir pendant le deuxième passage au pouvoir de l’Union nationale de Duplessis et le premier mandat des libéraux de Jean Lesage jouira d’une équipe solide pour défendre les intérêts des citoyens du Canada et plus précisément du Canada français. C’est ce dont témoigne À la hache et au scalpel : 70 éditoriaux pour comprendre Le Devoir sous Gérard Filion, 1947–1963, dans lequel l’historien et politologue Michel Lévesque a rassemblé et commenté 70 éditoriaux du quotidien indépendant québécois dans la lignée du centenaire de l’institution. Publié chez Septentrion, l’ouvrage permet une incursion dans la période effervescente de l’avant et du début de la Révolution tranquille. En plus d’y sentir clairement le [End Page 486] passage identitaire du Canada français au Québec, y sont abordés plusieurs thèmes évocateurs de l’époque, qui, pour certains, ont encore une forte résonance aujourd’hui, soit le combat pour la préservation de la langue française, la lutte pour l’assainissement des mœurs des élus provinciaux et la dénonciation de l’empiétement du fédéral dans les affaires des provinces.

Le livre s’ouvre sur une introduction d’une cinquantaine de pages où sont relatés brièvement les parcours du « duo d’enfer » formé par Filion et Laurendeau, en mettant en lumière la bonne expérience de gestion du premier, acquise au sein des rangs de l’Union catholique, et le vaste terrain de connaissance du second, autant à l’aise avec les questions politiques et littéraires qu’artistiques. On y apprend que si Filion a accepté de prendre la relève de Gérard Pelletier à la tête du Devoir, c’est pour éviter que le journal « catholique, fondé et maintenu à coup de sacrifices ne tombât entre les mains d’un parti politique », comme il l’explique dans un éditorial de 1948. Le terme « sacrifices » qui marque le parcours du quotidien est d’ailleurs à l’honneur dans l’introduction, voire dans l’ensemble du recueil, où sont relatées les embûches qui ont marqué la trajectoire du quotidien, souvent victime de la plume libre et du ton sans compromis de ses éditorialistes et de ses chroniqueurs, qui aspiraient à faire triompher la vérité, quitte à ce que celle-ci déplaise fortement aux responsables politiques, notamment à Maurice Duplessis, qui aurait vendu son âme pour s’emparer de ce quotidien au propos tranchant envers son gouvernement. Poursuivant son chemin malgré la brièveté des périodes de prospérité et la force des ennemis qui le pourfendaient, Le Devoir, sous la direction de Filion, va proposer aux lectorats 4 823 éditoriaux, dont certains vont marquer les esprits, aborder des thèmes novateurs en se nourrissant des nouveaux courants de pensée et paver la voie à la Révolution tranquille, comme le soutient Michel Lévesque.

L’analyse du corpus éditorial dépouillé par Lévesque révèle que...

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