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  • Les métropoles culturelles dans l’espace francophone
  • Marcel Olscamp (bio)
Les métropoles culturelles dans l’espace francophone, s. la dir. de Lise Gauvin, Montréal, Hurtubise, coll. Constantes, Académie des lettres du Québec, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2009, 172 p., 19,95$

Ce recueil donne à lire le texte des conférences prononcées lors d’un colloque organisé en 2009 par l’Académie des lettres du Québec et l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Dans son introduction (« Fictions de ville »), Lise Gauvin dévoile le fil conducteur de l’ensemble : « L’axe qui relie Montréal et Bruxelles est sans doute incompréhensible sans leur commun rapport, toujours problématique, à Paris ». Nulle originalité à chercher ici donc, mise à part la volonté de mettre en parallèle les stratégies montréalaise et bruxelloise pour parvenir à exister culturellement en dehors de Paris. Est-ce à dire que le thème des « métropoles culturelles » de la francophonie sera une fois de plus traité à travers la lancinante et inévitable question de l’hégémonie parisienne ?

Dans « Cités aux deux visages », Jacques de Decker essaie pour l’essentiel de comprendre pourquoi « Bruxelles souffre d’une sous-reconnaissance littéraire ». Selon lui, en effet, la capitale belge est presque absente du roman contemporain et elle « attend toujours son Albert Cohen ». En gros, il justifie cette absence par la situation particulière des écrivains francophones de Belgique qui, devant l’attitude nationaliste des romanciers flamands, se seraient tournés vers la France et « le centralisme parisien ». Après une brève éclaircie dans les années 1970, [End Page 475] Bruxelles serait en train de retourner au silence romanesque, sous les coups de boutoir de la mondialisation assénés par Amélie Nothomb et Jean-Philippe Toussaint.

Ces deux textes introductifs sont suivis d’un ensemble intitulé « Autour de la notion de métropole ». D’entrée de jeu, Stanley Péan se livre à un recensement assez prévisible des artistes qui, de Gabrielle Roy à Kent Nagano, sont venus d’ailleurs pour enrichir la culture babélique de Montréal. À travers une série de poncifs – « Dressée sur le Saint-Laurent, entre les Grands Lacs et la Capitale nationale, l’ancienne Ville-Marie réunit donc plus de trois millions de résidants [. . .] » –, l’écrivain trouve le moyen de citer l’un de ses propres romans comme exemple de bigarrure urbaine.

Dans un texte d’une trentaine de pages, qui constitue sans doute la pièce de résistance de ce recueil, Régine Robin se livre à l’une des éblouissantes dérives d’érudition dont elle a le secret : en trois brefs chapitres – qui tournent autour de Berlin 1920, de Paris 1950 et du très actuel projet urbanistique de « Grand Paris » –, elle brosse trois croquis fulgurants de « la grande ville en voie de métropolisation ». J’ai été profondément touché par la deuxième partie, dans laquelle l’essayiste fait revivre, à travers les figures de Willy Ronis ou de Georges Perec, sa propre enfance à Belleville et Ménilmontant. Oui, la ville peut encore faire rêver, à condition cependant « que nous puissions, sans nostalgie des anciens paysages urbains, prendre possession des nouveaux ».

La section consacrée à la notion de métropole se termine par deux textes, l’un de Madeleine Monette et l’autre de Jacques Godbout. Dans le premier, la romancière, de retour d’une tournée en Nouvelle-Calédonie, s’inspire des relations tendues entre Nouméa et Paris pour revisiter les cultures du Nouveau Monde et leurs désirs de « réinvention dans une diversité complexe ». L’auteur du Murmure marchand, quant à lui, livre un articulet désinvolte et brouillon dans lequel il s’amuse à déconstruire la notion de métropole culturelle telle qu’on l’applique maintenant, dans les officines gouvernementales, à des villes comme Trois-Rivières ou Caraquet. Bientôt, écrit-il, « on ne dira plus à Rimbaud : ‘Venez chère âme, montez à Paris !’, mais plutôt : ‘Restez à Charleville, nous en ferons une métropole culturelle’ ».

La troisi...

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