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  • Produire et reproduire la francophonie en la nommant
  • Paul Dubé (bio)
Produire et reproduire la francophonie en la nommant, s. la dir. de Nathalie Bélanger, Nicolas Garant, Phyllis Dalley et Tina Desabrais, Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2010, 366p.

Avant de définir l’intention de ce livre sur la francophonie, l’introduction signée Nicolas Garant et Nathalie Bélanger parle de la difficulté d’être de la francophonie, soit celle « de prétendre à un projet politique ou à une réalité sociale capable de transcender les frontières nationales », cela s’opposant à « tout le réalisme du projet identitaire national, pour lequel la seule équation viable serait un État souverain, un territoire, une nation ». Il est sans doute temps de détacher la francophonie des grands schèmes établis par les sciences sociales pour asseoir son existence, de l’impenser par rapport à eux, et de supposer qu’elle aurait la capacité, comme on le propose rapidement d’ailleurs en ces termes :

[Il s’agit] de s’incarner et de se réinventer chaque fois dans des lieux, des interstices, des moments et des rencontres, des mouvements qui empruntent à des processus tant endogènes qu’exogènes, métissés, avant-gardistes, bigarrés, dont la manifestation ne serait pas une simple transposition des balises et des référents établis, officiels, des espaces nationaux respectifs. À la fois en-deçà et par-delà les normes de l’État national, mais néanmoins toujours inscrite dans ce contexte national, la condition francophone serait alors indissociable des virtualités inscrites dans le fait de parler français, bien que ne s’y réduisant pas, dont l’actualisation puiserait au sein d’un répertoire beaucoup plus vaste, plus informel que celui balisé et autorisé par l’État.

Produire et reproduire la francophonie en la nommant se donne pour objectif l’aspect social, « relationnnel » du questionnement nominatif produit dans ce volume, soit « saisir les configurations au sein desquelles [les] processus de définition, de nomination, d’identification prennent leur essor et se déploient, [et] construisent la réalité ». Plus précisément, il s’agit de « mieux comprendre comment différents processus sociaux, politiques et institutionnels contribuent à produire et reproduire la francophonie en la nommant, i. e., en la définissant, la codifiant, la normalisant ; [à] mettre en lumière et analyser l’impact des mots, des définitions, des images et des pratiques dans la construction sociale de la francophonie ».

Permettez que je vous donne un échantillon des façons dont la nomination a lieu dans le volume en retenant quelques exemples qui en signalent toute l’étendue potentielle.

Celui-ci est divisé en trois parties. La première intitulée, « Interrogation sur le rôle des mots, des définitions, des pratiques dans les processus d’inclusion et d’exclusion à l’œuvre au sein de la francophonie », nous amène dès le premier article dans une analyse d’un aspect essentiel du projet pédagogique dans toutes les francophonies, la construction [End Page 472] identitaire. Elle est menée ici par Normand Labrie qui, s’inspirant du constructivisme social, étudie la conceptualisation et l’application de la construction identitaire au ministère de l’Éducation de l’Ontario. Malgré l’évidence « d’identités multiples, évolutives et parfois antagonistes », dans la francophonie ontarienne, le ministère promulgue en fin de compte « une définition monolithique de l’identité, au singulier ». Il faut voir comment s’opère ce glissement, et les effets pédagogiques et sociaux sur la population estudiantine.

Une deuxième étude de cette première partie intitulée « Vers une francophonie-archipel », de la professeure Gabrielle Parker, commence d’abord par expliquer pourquoi l’image de l’archipel convient à son sujet en ce qu’elle « offre [. . .] une métaphore vivante, actuelle, de la francophonie à la fois séduisante pour l’imaginaire collectif et intellectuellement satisfaisante », légitimée aussi par l’usage qu’en ont fait Louder et Waddell, Gauvin, et surtout sans doute Glissant. Pour « exiger » surtout une autre relation à la française, aux frontières « fluides » et « réseaux multiples », et en tant que le mot archipel « dispense de la...

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