In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Introduction à la littérature franco-ontarienne
  • David Bélanger (bio)
Introduction à la littérature franco-ontarienne, s. la dir. de Lucie Hotte et Johanne Melançon, Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2010, 279 p.

Cette Introduction à la littérature franco-ontarienne offre un double avantage : présenter une littérature parfois méconnue des francophones, et offrir un large panorama de thèmes et de problématiques exploités. Il s’agit de la mission que Lucie Hotte et Johanne Melançon, directrices de l’ouvrage, se donnent d’entrée de jeu : « [Ê]tre accessible à tous sans faire l’économie de l’analyse en profondeur qui caractérise les travaux savants. » Hotte et Melançon expliquent bien, dans les premières pages, ce qu’on doit entendre par « Littérature franco-ontarienne », découpant, de fait, l’histoire littéraire en trois période : « la littérature coloniale (1610–1866), la littérature canadienne-française (1867–1969) et la littérature franco-ontarienne (1970 à nos jours) ». Ce découpage exclut de cette étude tout un pan de la littérature francophone produite sur le territoire ontarien, soit les pratiques littéraires d’avant 1970. L’introduction se charge cependant, en un bref panorama, de retracer l’historique des littératures coloniales et canadiennes-françaises. Si le détour par les Champlain et Radisson de la Nouvelle-France semble un peu lourd, il sert néanmoins à installer de premières balises littéraires nécessaires aux néophytes pour comprendre ce qui deviendra la culture franco-ontarienne. En quelques pages seulement, Hotte et Melançon tracent en-suite le contexte socio-historique des années 1970–1990, lequel contexte ouvre la porte aux chapitres suivants. On aurait pu découper le livre en décennies, en thèmes ou en faire, à l’instar d’un livre d’histoire, une suite d’articles plus ou moins hétéroclites se superposant sur une base essentiellement chronologique. Le parti pris de L’introduction à la littérature franco-ontarienne a été de découper les chapitres par genre littéraire et de confier chacun de ces dits chapitres à des spécialistes en la matière. Choix judicieux : chaque auteur peut ainsi privilégier un angle ou un [End Page 463] autre, mieux adapter son discours au genre abordé et ainsi approfondir son propos.

Le premier article, signé par Jane Moss, porte sur le théâtre. Il faut saluer, d’abord, l’approche chronologique privilégiée par l’auteure. En effet, le caractère événementiel du théâtre pousse à inscrire l’œuvre d’art dans son contexte. Cette inscription du social dans le théâtre sert fort bien le propos de Moss et il permet d’aborder des œuvres théâtrales socialement engagées, produites avant 1980, avant, car, note-t-elle, « vers la fin des années 1980, plusieurs dramaturges ont commencé à éprouver le besoin de dépasser le mandat social qu’ils s’étaient donné ». Cela dit, Moss maintient son angle sociocritique, explorant la manière dont Dalpé reproduit les « effets aliénants de la minorisation », ou la façon dont le théâtre de Michel Ouellette « poursuit la quête dramatique de l’identité franco-ontarienne ». D’une grande cohérence, cet article analyse, dans une chronologie problématisée, les attaches sociales de ce théâtre.

François Paré, dans son article sur la poésie, délaisse la chronologie pour une approche thématique : la poésie devient une sorte de système qu’il tente de saisir, reliant sociologie littéraire et esthétisme dans un raisonnement nuancé à la recherche des racines de ce qu’il nomme le « cœur de la littérature franco-ontarienne contemporaine ». Dans une prose savante non dénuée d’un certain lyrisme, Paré nous plonge dans une réflexion plutôt que dans l’histoire littéraire, une réflexion qui, au gré de son évolution, en vient à diverses conclusions fort éclairantes : « [L]a poésie a pu puiser à l’inconscient de la minorisation et a affirmé, en dépit de tout, la suprématie de la parole sur le silence. » Abordant tour à tour Patrice...

pdf

Share