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Reviewed by:
  • Imagery and Ideology: Fiction and Painting in Nineteenth-Century France
  • Philippe Willems
Berg, William J. Imagery and Ideology: Fiction and Painting in Nineteenth-Century France. Newark: University of Delaware Press, 2007. Pp. 269. ISBN: 978-0-87413-995-2

Sans aller jusqu'à dire, comme Brassens, que sans technique un don n'est qu'une sale manie, on sait que l'art de la pédagogie peut paradoxalement faire défaut à des travaux d'investigation universitaire aux idées les plus brillantes. C'est loin d'être le cas dans cet exemple éminemment didactique de recherche en littérature et en arts visuels, dû à l'auteur de The Visual Novel: Emile Zola and the Art of his Time (Penn State UP, 1992) et contributeur au volume Teaching Reading Tactics in Madame Bovary (MLA, 1995). L'ouvrage prend en effet volontiers la forme et le ton d'un cours magistral. Doté d'une trentaine d'illustrations de qualité dont la moitié en couleurs, il a pour perspective la modernité saisie à travers les relations entre le roman et la peinture du dix-neuvième siècle français.

Imagery and Ideology part du postulat que l'expression de l'idéologie en peinture et en littérature implique invariablement la représentation de la différence, donc, du contraste et de l'antithèse sous leurs formes variées. Sur cette base, Berg articule sa thèse de la façon suivante: "[G]reat works often evolve a synthesis of the very antithetical terms they bring into play in order to reach higher ideological ground, or they simply resist resolution in order to preserve ambivalence. In short, ideology tends to represent itself antithetically, sustain itself dynamically, and renew itself dialectically" (20). Les neuf chapitres du livre décortiquent ainsi les stratégies verbales et visuelles qui nourrissent cette dynamique dialectique entre littérature et peinture ou au sein d'une même œuvre, dans toute son indétermination. En effet, pour l'auteur, la modernité qui unit les artistes étudiés ici se lit notamment dans leur tendance à cultiver l'ambivalence et la tension des oppositions au détriment de la résolution. La démonstration déborde du dix-neuvième siècle pour embrasser les antécédents et prolongements du phénomène.

C'est en amont, dans l'explicité du classicisme d'Horace de Corneille (1640) et du Serment des Horaces de David (c.1784) que Berg va puiser son premier exemple. Il passe au crible les appareils rhétoriques qui y construisent des dichotomies telles qu'amour et devoir, raison et passion, intérêt privé et intérêt public, femme et homme—valeurs [End Page 145] aux hiérarchies clairement exprimées en l'occurrence. On entre ensuite dans le vif du sujet pour apprécier l'ambivalence entre nature et religion de la figure d'Atala dans le roman de Chateaubriand (1801) et dans l'Atala au tombeau (1808) de Girodet, tous deux fermement attachés à la fois à la tradition et au romantisme. Puis Berg met en parallèle l'art d'opposer art et amour chez Balzac et Daumier (à qui il attribue cependant un quatrain probablement dû à Philipon), chacun à sa manière créateur de panorama et caricaturiste. Les rapports entre individu et société sont mis en contraste à travers des évocations des Trois Glorieuses marquées par le symbolisme politique de La Liberté guidant le peuple (1830) de Delacroix, la symbolique des couleurs dans Le Rouge et le noir (1830) de Stendhal, et les jeux de clair-obscur de Hugo dans Les Misérables (1862). Les chapitres 5 et 6 examinent les différentes formes du concept d'harmonie qui sous-tendent l'idéalisation de la figure du paysan chez Sand et Millet, puis celles que prend l'antithèse entre spiritualité et sensualité partagée par Flaubert, Moreau et Huysmans dans leurs approches de la figure de Salomé. La particularité du chapitre 7, qui définit les affinités entre Zola et Manet en termes d'impressionnisme, est de retracer dans le temps des progressions: celle des notes préparatoires du premier chapitre du Ventre de Paris (1873) à sa...

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