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  • "Passage du passereau" from Passant de la lumière
  • Béatrice Bonhomme

Le passereau est un passer-moineau, un petit oiseau de l'ordre de ceux qui passent et traversent, fuselés, la vie précaire.

Le passereau est éphémère, il est passe-fleur, passiflore, passionné comme l'anémone qui vibre en plein vent d'étincelles.

Ses poumons sont d'oiseau éphémère, les bronchioles se ramifient dans le tissu pulmonaire, le traversent et se prolongent par des sacs aériens qui sont tissus d'or et de songes dans le souffle des nuages.

Le passereau passe le souffle dans le syrinx de son chant comme message d'un ciel si proche et comme essor de passage.

Volatilia, matière volatile évaporée dans la fibre du monde, il vole dans l'obscurité de la nuit comme dans la clarté du jour.

Il taille dans les ailes et les airs jusqu'à trouver la forme juste d'un anniversaire de feuilles.

Il est le souffle de la nuit qui se heurte contre la paroi des fleurs.

Il tourne tout autour de la table des morts et, en veillée funéraire, s'inscruste dans le vitrail.

Son oeil de verre rouge irise la couleur.

Sur la neige ne demeure que l'étroite empreinte de sa fine patte de passereau posée sur le mouron des tombes. [End Page 213]

Il passe oiseau éphémère comme la précarité de l'amour.

Pour moi, le passereau est bleu, mais je ne sais pas trop sa couleur. Il est bleu comme l'oiseau d'enfance et souffre douleur d'amour.

Pour moi, le passereau est rouge, mais je ne sais pas sa couleur, ensanglanté des stigmates de pluie, il traverse les larmes.

Pour moi le passereau est gris, car je sais trop bien sa couleur. Il passe en glissade légère les ailes étendues, discret, il passe dans la vie précaire.

Et dans les plantes aromatiques, la myrrhe d'un étrange berceau, il passe et renaît, passereau, oiseau de cendre et de lumière. [End Page 214]

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