Abstract

Cet article récupère le concept d’écriture en tant que pratique signifiante (Kristeva) en parlant de deux romans migrants québécois, L’Ingratitude de Ying Chen et Le Bonheur a la queue glissante d’Abla Farhoud, afin de montrer comment les indices d’hétérolinguisme dans ces deux textes, en conjonction avec une poétique du fragment, créent une esthétique propre à l’expression de l’identité migrante, ou ce que nous appelons une signifiance migrante. Nous espérons confirmer que refuser l’ancrage dans une appartenance culturelle ou langagière unique joue un rôle capital dans l’esthétique de l’écriture migrante, car la fragilité identitaire créée par la pluralité des appartenances entraîne l’aménagement d’un espace de traverse pour le sujet migrant dans une écriture caractérisée par une poétique du morcellement. Les travaux de Rainier Grutman sur l’hétérolinguisme aussi bien que les théories qui avancent que le fragment littéraire est une réplique textuelle d’une identité morcelée servent comme cadres théoriques, les deux approches permettant une analyse plus approfondie de l’expression littéraire de l’entre-deux identitaire migrant, le seul espace possible pour Yan-Zi dans L’Ingratitude et Dounia dans Le Bonheur a la queue glissante.

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