Abstract

Les Anglophones du Québec ont toujours constitué une minorité démographique. Formant le quart de la population au moment de la création de la Confédération, cette proportion n’a cessé de décliner si bien qu’en 2006, ils ne forment que 8,2% de la société québécoise. Or, ils ne commencent à se percevoir comme une minorité que dans les années 1970, une période où l’apparition du vocable « Québécois » les invite à se redéfinir face à la proclamation identitaire de ce « nouvel » Autre. Les recherches sur les Anglophones du Québec s’amorcent durant cette période d’effervescence sur le plan politique et sociétal. Toutefois, peu de travaux ont étudié à ce jour leur minorité au Québec sous l’angle des frontières ethniques construites par les acteurs sociaux en situation d’interactions locales. Cet article propose d’aborder les frontières linguistiques négociées dans le contexte de la ville de Québec et ce, à travers le récit des jeunes adultes qui y ont fréquenté l’école secondaire de langue anglaise. En effet, les entretiens qualitatifs que nous avons menés en 2008–2009 auprès de 33 jeunes adultes dans ce cas révèlent l’existence d’une frontière nette entre les Francophones et les Anglophones – une frontière qui se dessinerait dans le regard que semble porter l’Autre francophone sur les élèves qui fréquentent l’école de langue anglaise au Québec. En conclusion, cet article suggère l’hypothèse selon laquelle il y aurait plusieurs façons d’expérimenter les frontières linguistiques à l’échelle du Québec.

Abstract

The Quebec English-speaking population has always formed a demographic minority. Comprising 25% of the population at the creation of Confederation, this proportion declined to 8.2% in 2006. However, the English-speaking group in Quebec only started to perceive itself as a minority in the 1970s, at which time the new term “Québécois” encouraged them to redefine themselves in relationship to the identity affirmation of this “new” Other. Research on Quebec Anglophones was first undertaken during this period of political and social turmoil. Still, until now there have been few studies on their minority status from the perspective of ethnic boundaries established by social agents in local interactive situations. In this article we shall examine linguistic boundaries negotiated in the context of Quebec City, based on the narrative of young adults who attended English high school there. Indeed, the qualitative interviews that we conducted in 2008–2009 with thirty-three young adults suggest a clear boundary between Francophones and Anglophones—a boundary which was reinforced by the very manner in which the Francophone Other regarded their English school counterparts in Quebec. We conclude that there may be several different ways of testing linguistic boundaries in Quebec.

pdf

Share