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  • Entre lieux et mémoire. L’inscription de la francophonie canadienne dans la durée
  • Michael Poplyansky
Gilbert, Anne, Michel Bock et Joseph-Yvon Thériault (dir.) – Entre lieux et mémoire. L’inscription de la francophonie canadienne dans la durée. Ottawa, Presses de l′Université d′Ottawa, 2009, 367 p.

Avec un titre qui joue sur celui de l’œuvre célèbre de Pierre Nora, ce volume illustre les diverses façons donts’édifie, dans la durée, « la mémoire collective » de la francophonie canadienne. Divisé en trois parties, le livre traite d’abord de la « réinterprétation du passé » (c’est-à-dire de la commémoration), puis des espaces géographiques « par lesquels se tissent les appartenances et les identités », et finalement de « la littérature et des autres formes d’art par lesquelles la mémoire naît et se transforme » (p. 8–9).

Le thème récurrent de la partie initiale de l’ouvrage est la tension entre « la communauté d’histoire canadienne-française » et la « communauté politique québécoise ». Patrice Groulx analyse les causes et les conséquences du passage à l’oubli de Dollard-des-Ormeaux, dû, en partie, à une nouvelle « conception plus volontaire et moins essentialiste de la nation » (p. 11). Puis, Geneviève Lapointe et France St-Jean examinent la manière dont on se souvient des rébellions de 1837. Pour les souverainistes des années 2000, elles représentent les « idéaux de la citoyenneté libérale au cœur même de l’aventure canadienne-française » (p. 50). Cependant, tel que le révèle France St-Jean, les patriotes atteignent une certaine notoriété auprès des Canadiens français du début du XXe siècle, non comme des porteurs du nationalisme purement civique – si telle chose existe –, mais « en tant que glorieux héros, défenseurs de la liberté, de la nation, et de la religion » (p. 77). Par ailleurs, jusqu’aux années 1930, ce sont les représentants de l’État canadien, et non de l’élite nationaliste, qui vénèrent l’héritage des patriotes, ceux-là célébrant leur lutte pour le gouvernement responsable et ceux-ci les voyant comme des « insurgés par qui le malheur arriva » (p. 77).

Le volet sur la commémoration inclut aussi un chapitre de Matthew Hayday voué à l’évolution des célébrations fédérales de la Fête du Canada, qui furent jadis imprégnées de l’héritage britannique du pays, mais qui deviennent une occasion pour promouvoir le bilinguisme coast to coast. La première partie du volume s’achève sur un texte d’Alain Roy et de Gratien Allaire analysant les sites commémoratifs, situés au Québec, en Ontario et surtout au Manitoba, qui rendent hommage à l’explorateur Pierre de La Vérendrye.

La section portant sur l’aspect géographique de la construction mémorielle débute avec un texte de Vincent Berdoulay qui examine, dans l’abstrait, « les effets de la mondialisation sur l’aménagement en ce qu’elle tend à banaliser l’espace et le sens [End Page 207] historique » (p. 13). Toutefois, le chapitre suivant jette un regard moins sombre sur la mondialisation. Se penchant sur l’inscription de la ville de Québec sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, Guy Mercier conclut que « ce que le territoire offre de mieux [. . .] c’est l’espoir d’un prochain poème qui s’en inspirera, d’une photographie qui le captera [. . .] d’un touriste qui le visitera » (p. 187). Il appelle, peut-être de manière utopique, à « l’appropriation démocratique du territoire par la population », qui peut « grandement contribuer à la construction des identités des sociétés tout en réalisant au mieux l’humanité de chacun » (p. 187).

Le lecteur quitte ensuite brièvement le Québec profond, grâce à un chapitre de Louise N. Boucher portant sur la chute des Chaudières. Située à la frontière entre Ottawa et Gatineau, il s’agit « d’un lieu de mémoire triculturel [. . .] symbolique de...

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