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  • L'Âge de l'inscription: la rhétorique du monument en Europe du XVe au XVIIe siècle
  • Ginette Vagenheim
L'Âge de l'inscription: la rhétorique du monument en Europe du XVe au XVIIe siècle. Par Florence Vuilleumier Laurens et Pierre Laurens. (Le Cabinet des images, 2). Paris: Les Belles Lettres, 2010. 290 pp., ill.

Inaugurant la collection intitulée 'Le Cabinet des images', dont le but est de répondre au vif intérêt suscité par la devise et l'emblème, cet ouvrage couronne une série de recherches étendues sur plus de trois lustres. Malgré la multiplicité des disciplines qu'explorent les différents chapitres, ceux-ci s'organisent en une construction cohérente autour de l'étude de cet 'orateur silencieux qu'est l'inscription'. Tandis que le premier chapitre tente de brosser le cadre et l'arrière-plan culturel d'une nouvelle ère [End Page 397] de l'inscription, celle qu'inaugure la redécouverte des monuments antiques, de la part des 'antiquaires' de la Renaissance, les chapitres 2 à 4 analysent l'exploitation originale du matériau épigraphique par trois grands créateurs de formes, Giovanni Pontano, Francesco Colonna et André Alciat; les chapitres suivants explorent les liens privilégiés que l'inscription va renouer avec le politique, à Rome d'abord, puis, avec le développement des fêtes éphémères, dans les cours et les villes de l'Europe baroque et monarchique. Une troisième partie étudie un phénomène qui a marqué l'histoire de l'écriture: l'apparition de l'inscription pour le livre, l'elogium, et son prodigieux succès, qui définit un nouveau genre littéraire. Une dernière partie traite des grands débats sur le style et sur la langue dont le plus vif est celui de la substitution du français au latin dans la France de Louis XIV; un débat né à l'occasion du projet de l'arc de triomphe du Faubourg Saint-Antoine et qui se jouera en réel autour des inscriptions ornant les tableaux de Charles Le Brun dans la Galerie des Glaces. Ce dernier chapitre, particulièrement fascinant, nous découvre, lettre par lettre, au fil des chantiers de restauration, et grâce à la découverte d'un exemplaire intact de la Description de Versailles, le déchiffrement des inscriptions latines sur les cartouches, comme les inscriptions françaises, mais aussi sur les boucliers et les octogones des plafonds. La restitution des inscriptions découle d'un travail philologique remarquable fondé notamment sur le rapprochement des inscriptions de la Galerie des Glaces avec les légendes gravées sur les médailles conçues à la même époque par la petite académie et sur la mise en évidence de l'étroite parenté que l'inscription latine des petits tableaux entretient avec le dispositif des médailles; si bien que l'on mesure la justesse de l'observation de Rainssant, garde des médailles du Cabinet du roi à Versailles, quand il assimilait la grande Galerie à un 'grand médailler'. La lecture de l'ensemble des inscriptions latines révèle ainsi, pour la première fois, un système d'exposition graphique qui, loin de se limiter à une simple fonction ornementale, s'organise en un subtil montage de plusieurs groupes d'énoncés (boucliers, octogones) autour du cartouche central, dans le but de traduire le concept organisateur de la peinture et de nous dévoiler l'intention constitutive de la composition allégorique. En concluant ce chapitre sur l'importance de l'autre enjeu de ce débat, celui de l'élaboration d'un grand style épigraphique national, capable d'être opposé au modèle latin, les auteurs ferment une époque sur un épisode qui ouvre, à son tour, une nouvelle ère de l'inscription.

Ginette Vagenheim
Université de Rouen
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