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Reviewed by:
  • Année Stendhalienne no. 8 "Stendhal et la femme"
  • Brigitte Mahuzier
Garnier, Lucy , ed. Année Stendhalienne no. 8 "Stendhal et la femme". Paris: Honoré Champion, 2009. Pp. 362. ISBN: 2745319108.

La querelle se porte bien en Stendhalie et le no. 8 de L'Année Stendhalienne, en fournit la preuve. Comme son titre l'indique, la majorité des articles contenus dans ce volume est consacrée à "Stendhal et la femme," thème du colloque des 13-14 octobre 2006 à la Maison Française d'Oxford, dont les actes sont réunis et présentés par Lucy Garnier. Si l'on peut regretter que ces textes n'aient pas été plus tôt accessibles au public, c'est que chacun présente un grand intérêt non seulement pour tout lecteur et critique de Stendhal mais pour le débat autour de la question de la femme, de la sexualité et du genre. Et c'est ce débat, sans cesse renouvelé par des discours et méthodologies multi-formes (histoire de la culture, du spectacle, du travestissement, des sciences médicales, minéralogiques, parmi d'autres), et informé par les avatars du féminisme français des années 50-80 revenant en force par le biais des "gender studies," qui donne à ce volume un côté polémique et "querelleur" dans le sens le plus réjouissant du terme.

Un premier ensemble a pour figure de proue Béatrice Didier, dont l'approche historienne érudite et savante de "La femme du XVIIIe siècle selon Stendhal" ouvre avec ampleur le débat, et pour figure de poupe Marie-Rose Corredor, dont l'écriture serrée et poétique donne à repenser le thème rebattu de "La 'mère morte'" comme syntagme pointant l'absence et les frontières indécises du territoire lyrique stendhalien. Entre deux, Richard Bolster, "Stendhal et Maria Edgeworth," Caroline Warman, "La cristallisation à la mode," et Alexandra Pion, "Stendhal et la séduction," offrent des aperçus quelque peu excentrés mais précieux sur la question: Bolster sur l'importance de la valeur sociale du roman chez la romancière anglaise appréciée par Stendhal; Warman sur le contexte scientifique du phénomène de cristallisation développé dans "De l'amour;" Pion sur la poétique de la séduction qui relève plus de l'ars erotica oriental que de l'ars amatoria occidental.

Un deuxième ensemble, plus théorique, regroupe une trilogie de stendhaliennes, auquel fait pendant un diptyque de stendhaliens. Marie de Gandt, "Lamiel-Psyché, la figure de l'esprit," Maria Scott, "Le thème de l'amitié féminine chez un 'tendre ami des femmes'" et Catherine Authier et Lucy Garnier, "Giuditta Pasta, le travestissement et la 'fémininité' chez Stendhal" prennent de front la question de l'identité féminine et du genre, dans le sens où l'entend Judith Butler dans Gender Trouble (publié en 2005 dans sa version française, l'année précédant le colloque), et le débat devient questionnement, tâtonnements fructueux, rencontre de voix qui se recoupent et se répondent. Leurs confrères, Yves Ansel inventeur d'une expression heureuse dont il tire le meilleur parti, "La femme en deux volumes," et Xavier Bourdenet qui propose dans "Mme [End Page 350] Grandet, ou comment l'amour vient aux femmes" une héroïne du troisième type, déconstruisent avec application les préjugés binaristes de la critique traditionnelle, comme de bons élèves ayant retenu les leçons du féminisme.

Le lecteur est donc préparé pour le troisième ensemble, querelle au sommet entre deux grands stendhaliens: l'éditeur-en-chef de la revue, Philippe Berthier, "Stendhal entre Julia et Simone," qui s'amuse ici à montrer comment le "Stendhal lesbien" et politique de Julia Kristeva (dans Histoires d'amour, 1983) s'applique à démolir le Stendhal hétérosexuel, idéaliste et tendrement libérateur pour la femme de Simone de Beauvoir (dans Le Deuxième Sexe, 1949). Ce qui n'est pas sans malice, le but étant, un peu tardivement il faut le noter, de dé-Kristeva-iser...

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