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Reviewed by:
  • L'hôpital dans la France du XXe siècle
  • Anne Vega
Christian Chevandier . – L'hôpital dans la France du XXe siècle, Paris, Perrin, 2009, 487 p. « Pour l'histoire ».

Ce vaste panorama de l'histoire des hôpitaux est soutenu par une bibliographie conséquente, et par une méthodologie également diversifiée (archives officielles, journaux et iconographies, entretiens et recherches de terrain). Cependant, le principal apport de l'ouvrage réside dans son approche résolument politique et sociale. C. Chevandier revisite en effet l'institution au moyen de portraits de personnalités emblématiques (des figures réformatrices et le plus souvent militantes), mais aussi par la reconstitution du quotidien d'hospitaliers a priori moins légitimes. Ce travail sur des « idéaux-types » et sur des trajectoires de vie est mis au service d'une démonstration ambitieuse : analyser pourquoi et comment le monde hospitalier vit de plus en plus au rythme de la société, jusqu'à la rencontrer.

À travers l'étude des évolutions des dénominations et des différents postes budgétaires hospitaliers, l'auteur délimite six temps hospitaliers, au cours desquels sont apparus successivement les limites de l'assistance (l'hôpital des pauvres, l'hôpital des enfermés), la nécessité sociale de mieux prendre en compte les effets de l'industrialisation (l'hôpital républicain), des contextes favorables à l'augmentation des qualifications (« l'hôpital des soignantes » dans l'entre-deux-guerres). Les trois dernières parties sont consacrées à l'analyse des ruptures et des bouleversements contemporains à la suite de l'ouverture de l'hôpital à tous et de l'émergence de l'hôpital entreprise.

Du fait de sa richesse, une présentation synthétique de l'ouvrage s'avère difficile. L'auteur rappelle les origines à la fois religieuses et urbaines de l'hôpital, et l'intérêt précoce et croissant des autorités municipales et royales à son égard. La dimension thérapeutique étant alors limitée, voire inexistante, l'auteur s'attache à montrer la façon dont la corporation médicale va s'imposer à l'hôpital, mais insiste à la fois sur la lenteur des changements et sur quelques progressions notoires. Il souligne combien, par exemple, au début du XIXe siècle, les personnels hospitaliers sont instables et de niveau social et culturel « médiocre ». Au milieu de ce siècle, l'alimentation est encore la principale dépense des établissements, tandis qu'à la fin gravitent encore des servantes, des veilleuses et des « administrés ». Parmi les mille métiers de l'hôpital, l'auteur s'intéresse à celui des ouvriers masculins, dont la présence remonte au temps des corporations d'Ancien Régime. Les dernières années du XIXe siècle sont aussi celles du balbutiement de la santé publique, de l'hygiénisme et d'autres progrès qui émergent sous l'impulsion de parlementaires et d'intellectuels et qui concourent au recul significatif de la mortalité infantile.

Progressivement, une véritable politique sociale se substitue aux pratiques d'assistance. Elle s'accompagne d'une augmentation des attentes des sociétés urbaines à l'égard de l'hôpital après la Première Guerre mondiale, cependant que la sécularisation des hôpitaux accélère la professionnalisation des infirmières. L'auteur concentre son attention sur les figures qui ont marqué la genèse du diplôme infirmier et sur les [End Page 149] tensions suscitées par le contenu des premiers enseignements. Selon C. Chevandier, former les infirmières participe de la transformation profonde de l'hôpital où ces femmes animent, en outre, d'importants mouvements sociaux. Dans cette perspective, la troisième partie de l'ouvrage est dédiée au syndicalisme naissant, à ses particularités et à ses premiers leaders ; elle remet en cause la légende d'une population peu portée par la syndicalisation et se clôt sur une série de portraits d'hommes et de femmes de différents métiers qui ont résisté à l'occupant.

La quatrième partie considère une autre mutation fondamentale : l'ouverture...

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