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  • Afrique subsaharienne
  • Karen Bouwer
Mbembe, Achille . Sortir de la grande nuit: Essai sur l'Afrique dé colonisée. Paris: La Découverte, 2010. ISBN 978-2-7071-6670-9. 249 p.

Œuvres de création

Diouf, Nafissatou Dia. Cirque de Missira et autres nouvelles. Paris: Présence africaine, 2010. ISBN 978-2-7087-0805-1. 193 p.

Diouf sait transporter ses lecteurs sur les lieux évoqués par sa prose limpide. Elle sait créer une expérience où différents moments et endroits s'interpénètrent. Voici un avant-goût. Dans la nouvelle éponyme de son recueil, la jeune femme, auditionnant à Paris, est transportée dans la forêt sénégalaise de son enfance où sa grand-mère l'a initiée au chant. "L'écho des forêts afflua soudain à mes lèvres en un flot impérieux . . . Ma frêle ossature vibrait soudain autant que mes cordes vocales . . . Ma voix arpentait les sentes chaudes du passé. Mame Soukey faisait jouer ses maracas et la salle fut emplie d'une tapisserie de sons syncopés et entrelacés" (25). Mais le juge a-t-il été aussi séduit que le lecteur? L'hésitation dans sa réponse nous permet de l'espérer. Dans "La malle aux souvenirs," une "octeronne" enceinte vivant dans la campagne corrézienne découvre le journal de sa grand-mère sénégalaise qui avait choisi l'exil. La nouvelle elle-même n'épate pas nécessairement. Mais le poème de la grand-mère qui est la pièce centrale du texte éblouit. "Des tréfonds abyssaux de l'oubli" (175) il lui semble revoir l'arrivée des négriers. Elle reconnaît que malgré la souffrance endurée, elle est "un peu des leurs" (175). Elle choisit de partir "même si partir c'est un peu mourir" (177). Des fragments de l'incipit deviennent le refrain envoûtant du poème qui crée une équivalence paradoxale entre la pureté ("de pure souche") et l'impureté ("de sang si impur") (173). Cette Goréenne est "arrière-petite-fille d'esclave" (173), descendante "De blanc sans aïeul, / De noir à la filiation amnésique" (174). Avec ce texte, Diouf offre une nouvelle perspective sur l'île de Gorée et sa "porte du non-retour" (178). Les dix-sept titres de ce premier recueil de nouvelles réussies nous transportent bien "dans un univers kaléidoscopique où la galerie de personnages est à l'image de nos vies" en traitant de l'amour, de la mort de l'incertitude (quatrième de couverture).

Essomba, J.-R. Alerte à la bonté . Paris: Pré sence africaine, 2010. ISBN 978-2-7087-0811-2. 177 p.

Auteur camerounais accompli, Essomba a déjà publié six autres romans, un chez L'Harmattan, les autres chez Présence africaine. Odile Cazenave (dans Afrique sur Seine, Lexington Books, 2005) le classe parmi une nouvelle génération d'écrivains [End Page 209] africains installés à Paris et Dominic Thomas (dans Black France, Indiana University Press, 2007) fait également allusion à ses écrits dans le contexte de son étude sur le colonialisme, l'immigration et le transnationalisme. Exemplifiant ses préoccupations thématiques, les romans forment une sorte de triptyque où Essomba se penche sur les relations nord-sud à travers des couples mixtes: Le Paradis du nord (1996), Le Dernier Gardien de l'arbre (1998) et Une Blanche dans le noir (2001). La quatrième de couverture de son dernier titre annonce "un roman à mi-chemin du polar et du roman d'aventures," "une fable qui a pour prétexte le racisme." On pourrait ajouter qu'il existe également un élément de science-fiction avec l'introduction d'une potion magique appelée "bonantine" qui supprime la capacité de haïr (bien que représentée sur un ton scientifique dans le contexte de la production d'armes chimiques par l'ancien gouvernement sud-africain). Essomba manie avec grande facilité les multiples fils de son intrigue mais c'est surtout la création d'un très grand nombre de personnages, aux rôles souvent circonscrits, qui impressionne. Quelle...

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