Abstract

Albertine, en cinq temps est une des rares pièces de Tremblay où divers tempsespaces s'interpénètrent de façon particulièrement intense. Les territoires ouverts (Duhamel et parc Lafontaine), mi-ouverts (balcon de la rue Fabre), fermés (chambre) et mi-fermés (centre d'accueil pour personnes âgées), constituent des strates de la mémoire d'Albertine. Nous voudrions interroger ce dispositif qui s'incruste dans le monologue du personnage dans sa valeur existentielle et figurative. En nous servant du concept de chronotope de Bakhtine, nous observerons comment se construit la figure du "seuil" qui traverse le discours dramatique de Tremblay. Au lieu de figer le personnage dans un bilan rétrospectif d'une vie, le chronotope du "seuil" rend compte d'une dynamique de la transition. Il semble représenter le passage entre temps et espaces, là où se cristallisent les expériences essentielles d'Albertine, l'éternelle "fugueuse" du Plateau Mont-Royal, clivée entre l'aliénation familiale et le désir de l'émancipation sociale.

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