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LES ENFANTS DANS GERMINAL, L’ASSOMMOIR ET NANA : FRUITS POURRIS DE LA DÉGÉNÉRESCENCE FLORINA MATU DANS la conception de ses personnages Zola a combiné sa curiosité semblable à celle d’un savant, d’un spécialiste en sciences naturelles, biologiste et évolutionniste, et le déterminisme, c’est-à-dire la pression de l’hérédité, du milieu et des circonstances sur le développement des individus. À travers la lecture, on remarque nettement la préfiguration des personnages soumis à un destin implacable. Ils sont le produit d’une combinaison de deux éléments complètement opposés : l’hérédité et l’innéité. De plus, ils sont dégénérés. Mais qu’est-ce que la dégénérescence ? Tout d’abord, une idée qui à l’époque dans laquelle a vécu Zola a dominé la psychiatrie française. Une définition plus claire serait celle proposée par Michel Gourévitch “ contrairement à l’atavisme, l’hérédité pathogène, celle qui rend malade, n’est pas la conservation des qualités anciennes, c’est au contraire leur déchéance, le descendant devient alién é. C’est donc une dégénérescence ” (123). Qu’il s’agisse de Nana ou de Jeanlin, images du vice, de Louiset, exacerbation des tares héréditaires, de Lalie ou d’Alzire, victimes impuissantes du milieu et des circonstances, le déterminisme se trouve partout dans les romans de Zola. Mis en contraste avec les adultes, ces enfants sont très lucides quand il s’agit d’interpréter ce qu’ils observent dans leur milieu. Cet article va démontrer que les enfants, loin d’être des personnages secondaires, des annexes, jouent un rôle important dans le spectacle naturaliste. C’est-à-dire qu’ils sont là pour confirmer la décadence physique et morale de l’être humain à tous les niveaux, la préfiguration de la vie où la corruption sait s’infiltrer profondément dès la naissance sinon avant la conception. On verra comment leur innocence est pourrie 239 et corrompue sous le poids écrasant des tares héréditaires et de leur milieu originaire. Jeanlin, le garçon de onze ans des Maheu, porte les signes de la dégénérescence dans son corps et dans sa personnalité. Il est “ petit, les membres grêles, avec des articulations énormes, grossies par des scrofules ” (Germinal 63). Son visage caricatural est complété par “ son masque de singe blafard et crépu, troué de ses yeux verts, élargi par ses grandes oreilles ” (63). Il s’inscrit dans la lignée des “ enfants pitoyables , avec leur chair de cire, leurs cheveux décolorés, la dégénérescence qui les rapetissaient, rongés d’anémie, d’une laideur triste de meurt de faim ” (Germinal 142). Son aspect grotesque connaît une nouvelle déchéance après l’accident dans la mine; il survit mais il n’en reste qu’ “ un pauvre petit corps d’une maigreur d’insecte, souillé de poussière noire ” (Germinal 245). À travers ce phénomène de dévolution de “ singe ” à “ insecte ”, il devient alors un symbole triste “ d’une race de misérables avec sa chair si blême, si transparente, qu’on voyait les os ” (Germinal 256). Côté personnalité, il est un petit dictateur qui se fait des autres enfants ses esclaves. Avec Lydie, il pratique en cachette l’amour qu’ils entendaient et voyaient chez eux, ce qui met en évidence l’influence du milieu sur leur comportement. La fillette n’ose pas s’opposer à ses manifestations précoces du vice. Au contraire, “ elle éprouvait devant Jeanlin une peur et une tendresse de petite femme battue ”, tout comme les autres femmes du coron, obligées par une sorte de tradition de se soumettre au pouvoir masculin dans des endroits obscurs où le romantisme est remplacé par la satisfaction des besoins charnels d’une manière animalière (Germinal 174). Comme un aboutissement des ressources maléfiques de l’enfant, Étienne le voit, épouvanté, en posture d’assassin. Pareil à “ une bête rampante et aux aguets ”, Jeanlin enfonce un grand...

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