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MLN 118.4 (2003) 1101-1105



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Itinéraires du XIXe siècle II. Textes réunis par Roland Le Huenen et Stéphane Vachon. Collection « A la Recherche du XIXe siècle ». Toronto : Centre d'études du XIXe siècle Joseph Sablé, 2001. 198 pages.

« Le pêle-mêle des réflexions réunies dans ce volume » (5), ainsi que l'énonce la préface de Roland Le Huenen et Stéphane Vachon, forme un recueil de douze travaux dont le seul lien apparent est l'étude du XIXe siècle. Il dévoile cependant des préoccupations communes, de sorte que ces études très diverses s'entrecroisent dans leur questionnement des modalités de l'écriture.

Anne Richardot propose de lire Armance comme le récit d'un jeune homme qui refuse le rôle comique du mari plaisant dont la société cherche à l'affubler. De nombreux éléments (effets de répétition, intrigue autour de la question de mariage, obstacles, coups de théâtre et quiproquos) rapprochent le roman de Stendhal du genre de la comédie. Mais justement, Octave n'est pas un drôle. Il est même plutôt mélancolique et misanthrope. Il est « victime d'une erreur de distribution » (14) et rêve de tragédie antique. Le mariage contraint avec Armance place Octave dans la situation boulevardière qu'il abhorre et explique, selon Anne Richardot, son départ final pour la Grèce et son suicide, une mort au large des côtes helléniques qui illustre « l'impasse esthétique » dans laquelle il se trouve, entre « comédie inacceptable » et « tragédie inaccessible » (19).

Autre témoignage de l'entremêlement des genres, l'œuvre du voyageur scientifique Victor Jacquemont (1801-1832) est composée d'un Voyage dans l'Inde (six tomes de plus de 5500 pages) et d'une importante Correspondance à ses proches et amis, parmi lesquels Victor de Tracy et Stendhal. Yannick Resch nous fait découvrir l'œuvre « exceptionnelle » et « remarquable » (39) de Jacquemont à travers trois thèmes : le portrait du voyageur, la découverte de l'Inde et l'apport littéraire de sa Correspondance. Parisien cultivé, Jacquemont a quitté la vie des salons en 1829 pour celle de l'explorateur nomade avant de mourir en Inde « foudroyé à 31 ans par un abcès au foie » (39). Homme [End Page 1101] curieux des langues, assez vaniteux mais aussi rigoureux dans son travail et ascète dans sa façon de vivre, Jacquemont offre des impressions de voyage pleines de réflexions sur les problèmes contemporains dont sa condamnation de l'esclavage fournit un bel exemple, tandis qu'il garde une perception « très européocentrique » (45) de la civilisation indienne : en bon héritier des Lumières, il critique l'irrationalité d'un peuple qui adhère au système des castes et pratique des mœurs domestiques à l'origine de leur misère. Quant à la Correspondance, elle révèle là encore le talent d'écrivain de Jacquemont qui « s'adapte à son lecteur » (47), se montre sensible et désireux d'offrir un récit de voyage fidèle. Souvent écrites sous la contrainte du voyage, ces lettres rappellent par leur style la rédaction d'un journal (que Jacquemont rédige par ailleurs). Yannick Resch parvient incontestablement à nous intéresser à ce personnage hors du commun, à tel point que son article suscite toutes sortes de questions qu'on aimerait bien lui poser, comme celle de savoir comment ce Parisien, dont la rédaction de l'œuvre s'échelonne entre 1829 et 1832, interprète de loin les événements de Juillet.

La promenade de Dieppe aux montagnes d'Ecosse fournit également un exemple de récit de voyage. Sonia Sapienza examine l'influence déterminante de Sterne sur le voyageur Nodier, mais il faut avouer que le choix de présentation de cette étude sous la forme d'un long commentaire linéaire empêche celle-ci d'atteindre la qualité des autres travaux du recueil.

Avant d'offrir sa...

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