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Reviewed by:
  • Gouvernance autochtone: reconfiguration d’un avenir collectif. Nouvelles perspectives et processus émergents
  • Sophie Thériault
Pierre Noreau (dir.) Gouvernance autochtone: reconfiguration d’un avenir collectif. Nouvelles perspectives et processus émergents. Montréal, Éditions Thémis, 2010, 236 p.

Il serait vain de rechercher dans ce collectif des prescriptions normatives précises sur les formes optimales de la gouvernance en contexte autochtone. L’originalité de cette publication, qui s’attache pourtant à une thématique maintes fois visitée, repose plutôt sur sa promesse, si bien formulée par Pierre Noreau dans son propos introductif, d’établir les conditions « d’un renouvellement de la recherche et de la réflexion sur l’exercice de la gouvernance autochtone », notamment au moyen d’un dépassement de ces « catégories intellectuelles, politiques ou juridiques établies » qui « nous empêchent souvent de nous interroger sur les fondements et les formes de la gouvernance autochtone au Canada et dans plusieurs autres États du monde ». [End Page 674]

Les contributions réunies dans cet ouvrage fournissent un échantillon des recherches menées dans le cadre du vaste chantier Peuples Autochtones et Gouvernance, financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. La diversité des chercheurs participant à ce programme de recherche, notamment quant à leurs rattachements disciplinaires et leurs approches théoriques et méthodologiques, trouve son écho dans le manuscrit, qui rassemble des travaux portant sur différents aspects de la gouvernance autochtone analysés à travers les perspectives de l’ethnologie, de l’anthropologie, de l’économie et du droit. D’apparence éclectique, les réflexions livrées dans cet ouvrage trouvent leur cohérence, au-delà de leur posture pluraliste, à travers un projet commun de remise en cause de certains des postulats, en lien notamment avec les notions phares de « souveraineté », d’ « État » et de « territoire », sur lesquels repose l’édifice colonial dont cherchent à s’affranchir les peuples autochtones.

La première partie de l’ouvrage, intitulée « Le rapport et la reconnaissance de l’autre comme prémisse du processus de gouvernance », réunit les propos du juriste Patrick Macklem et de l’anthropologue Michael Asch. Ces contributions s’attachent respectivement à déconstruire les discours du droit international et de la pensée politique des Lumières qui forment le soubassement des rapports de domination entre les États coloniaux et les peuples autochtones.

Patrick Macklem, dans un essai initialement publié dans le Michigan Journal of International Law, nous offre une réflexion sur les critères de reconnaissance des peuples autochtones en droit international, ainsi que sur leur finalité et leurs effets. L’auteur avance que le statut contemporain des peuples autochtones dans l’ordre normatif international découle de la structure même du droit international et de ses principes généraux en matière de reconnaissance des États, en vertu desquels les peuples autochtones ont historiquement été privés du statut d’État et, de ce fait, des droits rattachés à la souveraineté. La reconnaissance des peuples autochtones en droit international aurait ainsi pour objet précis d’atténuer les injustices engendrées par la façon dont le droit international conçoit et distribue la souveraineté. Il s’ensuit, selon l’auteur, que l’exclusion des peuples autochtones du processus historique de distribution de la souveraineté qui sous-tend l’ordre international constitue, dans une perspective téléologique, le critère déterminant de leur reconnaissance au titre de sujet du droit international.

Cette contribution est fort bien complétée par celle de Michael Asch portant sur les perspectives nouvelles que nous offrent les voix dissidentes des Lumières. La pensée politique dominante de cette époque, ancrée dans le principe de la Terra Nullius et le postulat de l’infériorité des organisations politiques et des modes de vie des peuples autochtones, a servie - et servirait toujours, tel qu’en témoignent certaines décisions judiciaires contemporaines - à justifier l’acquisition par les puissances impériales du droit de souveraineté sur les peuples autochtones et leurs terres. L’auteur propose de puiser à certains courants de pensée dissidents (dont ceux qu’il désigne par les expressions « égalité de statut » et « obligations mutuelles...

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