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FEMMES ANGÉLIQUES, FEMMES DIABOLIQUES: UNE ETUDE DU LYS DANS LA VALLÉE DE BALZAC Linda P. Cypres Depuis la publication de La Comédie Humaine, on a souvent dit que Balzac était grand connaisseur de femmes, et même féministe.1 Au fait, Balzac s'intéressait beaucoup au sort de la femme, à sa psychologie, à sa place dans la sociéé. Nous voyons, dans La Comédie Humaine, une grande variété de portraits féminins: des "espèces sociales" dans cette jungle de la société où les plus forts dévorent les plus faibles. Les femmes, comme les hommes, se divisent en deux camps: les persécutées et les persécutrices, les victimes et les bourreaux. Dans ce schéma, Balzac métamorphose en Anges les femmes vertueuses qui suivent les règles du Devoir et de la Religion , femmes faibles qui deviennent "martyres" de la société. Les femmes fortes sont "diaboliques:" ce sont celles qui se révoltent contre les règles et arrivent à leurs fins par le Vice. Par cette division des femmes en Anges et Diables, Balzac s'est donné une source inépuisable de situations tragiques, mais ayant presque toujours la même formule: la femme fidèle et chaste est trompée et meurt malheureuse ; la femme "impure" profite de la vie et triomphe sur des autres. Le tragique du roman de Balzac vient de notre attente toujours trompée; l'héroïne vertueuse n'est point récompensée de sa Vertu, et le Vice n'est point puni. C'est dans cette formule tragique que nous voyons une ambiguïté fondamentale dans l'attitude de Balzac à l'égard de la femme. Le romancier prétend lamenter le destin de la femme angélique, mais en réalité il exalte cette condition, l'embellit et essaie de la justifier. Les "charmes" de la Vertu nous font penser aux "charmes" du Mal du Siècle, à une esthétique qui repose sur l'idée de la beauté de la souffrance. Or, une telle esthétique implique le consentement à une forme d'esclavage social. C'est donc dans le but d'éclaircir l'attitude de Balzac à l'égard des femmes que nous avons entrepris l'étude du Lys dans la Vallée, un roman exemplaire des attitudes de Balzac vis-à-vis des questions morales, sociales et religieuses. La base philosophique de la division des femmes en Anges et Diables sort d'une distinction fondamentalement religieuse. L'homme, pour Balzac, est double: il est matière et esprit. La matière appartient au domaine de l'animalité: les instincts, les désirs et besoins physiques qui nous rattachent à la terre. L'Esprit, au contraire, est du domaine du Ciel, de celte partie de nous-mêmes qui lutte contre les passions terrestres. L'Amour aussi est double et participe à cette lutte: car l'Amour est charnel et divin. 1M. Richard Bolster vient de proposer un Balzac féministe dans son livre Stendhal, Balzac et le féminisme romantique (Paris; Minard, 1970). 26 Une Etude Du Lys Dans La Vallée27 Dans JLe Lys dans la Vallée, Mme de Mortsauf symbolise le côté "Ange" de l'amour, Lady Dudley le côté "Diable." Félix de Vandenesse, qui en est le narrateur, se trouve entre ces deux femmes, à la recherche de I'amour parfait. Félix veut réunir l'Ange et le Diable. Il croit à l'Amour idéal, l'Amour romantique qui satisfait la double nature de l'homme en étanchant la soif de l'esprit de du corps. La leçon du Lys est que cet amour est du domaine du rêve, et non de la réalité. Félix essaie d'abord de trouver le bonheur auprès de l'Ange. Peu à peu, à mesure que ses désirs s'accroissent, la vertu d'Henriette de Mortsauf le désespère; il lui écrit: Un amour sans possession se soutient par l'exaspération même des désirs; puis il vient un moment où tout est souffrance en nous, qui ne ressemblons en rien à vous. Nous possédons une puissance qui ne saurait être abdiqu...

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