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Reviewed by:
  • Le rôle des femmes et des aînés dans la gouvernance autochtone au Québec
  • Anne-Marie Genin-Charette
Andrée Lajoie. Le rôle des femmes et des aînés dans la gouvernance autochtone au Québec. Éditions Thémis, Montréal, 2009, 171 p.

Depuis les années 1990, les travaux de la chercheure Andrée Lajoie sur le pluralisme juridique et comment les communautés autochtones du Québec le véhiculent l’ont amené à s’interroger sur la question de leurs droits ancestraux. À la suite d’une fréquentation plus accrue de ce milieu, elle a remarqué des différences dans le rôle des femmes et des aînés dans les différents modes de gouvernance autochtone comparativement à celui de leurs contreparties dans la société québécoise.

Suite à ces premières constations, Lajoie entreprend une étude exploratoire sur la question auprès des instances autochtones d’origine coloniale et traditionnelle du Québec, soit les conseils de bandes des Premières Nations, les conseils des villages inuit, les différents conseils tribaux et les [End Page 474] organisations autochtones pan-québécoises (Assemblées des Premières Nations du Québec et du Labrador, le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, Femmes autochtones du Québec et Femmes autochtones élues du Québec). La collecte de données s’est principalement déroulée au moyen d’entrevues non-dirigées auprès des représentants des organismes énumérés précédemment entre le printemps 2007 et automne 2009. Le résultat final de ses recherches est une analyse explicative des différentes pratiques de gouvernance de ces deux groupes au sein de la société autochtone québécoise.

Dans le premier chapitre de l’étude, l’auteure situe la gouvernance autochtone parmi les diverses utilisations du terme. Dans les idéologies plus libérales, le concept réfère au déplacement du forum décisionnel étatique vers des acteurs non-élus, contribuant ainsi à décentraliser l’État au profit de nouvelles institutions moins hiérarchisées que l’appareil gouvernemental et plus proches des citoyens. Chez les progressistes, l’idée de gouvernance a été reprise par les groupes tels les minorités sociales (femmes, gais et lesbiennes) et les minorités politiques (Autochtones et Québécois au Canada) luttant au sein des États-nations. Les premiers veulent atteindre l’égalité à l’intérieur de l’État par la prise de parole citoyenne et la participation au processus démocratique, tandis que les seconds cherchent à créer des institutions propres, à l’extérieur de celles de l’État, qui répondront mieux à leurs aspirations. Cette deuxième forme est connue sous le nom d’auto-gouvernance et elle est présente lorsque la minorité politique cherche aussi à contrôler sa partie occupée du territoire étatique. Dans cette optique, la gouvernance autochtone serait donc le processus de prise de décisions propres à une collectivité sur un territoire distinct en matière économique, sociale et politique et qui a pré- séance sur l’État central. Il peut comprendre autant les institutions traditionnelles de cette communauté que celles qui lui ont été imposées par l’État colonial à travers les années. Le seul défaut de cette définition est qu’elle ne semble pas inclure à première vue les Autochtones en milieu urbain dans l’exercice de la gouvernance puisqu’ils ne sont pas rattachés à un territoire donné, alors qu’ils représentent près du tiers de la population totale autochtone au Québec.

Une des premières hypothèses de Lajoie quant à la place des aînés et des femmes dans le processus décisionnel autochtone comparativement au processus québécois est que la présence de la tradition orale et la transmission des coutumes a permis aux deux groupes de conserver leur position d’influence. Celle-ci est par la suite vérifiée au moyen de l’analyse des institutions coloniales et traditionnelles autochtones. Dans la section décrivant les institutions mises en place par le gouvernement, l’auteure...

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