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  • L’espace francophone en milieu minoritaire au Canada: nouveaux enjeux, nouvelles mobilisations
  • Martin Normand
Joseph Yvon Thériault, Anne Gilbert et Linda Cardinal, éds. L’espace francophone en milieu minoritaire au Canada: nouveaux enjeux, nouvelles mobilisations. Montréal: Éditions Fides, 2008. 562 pp. $39.95 sc.

Au premier abord, L’espace francophone en milieu minoritaire se veut une actualisation des ouvrages qui l’ont précédé et qui font état de la recherche portant sur les communautés francophones vivant en situation minoritaire au Canada. Les directeurs de l’ouvrage ont rassemblé des textes permettant de dresser « une synthèse des connaissances accumulées depuis les dix dernières années » (14) mais, cette foisci, sous le prisme des nouveaux enjeux qui caractérisent la réalité de ces communautés. Ces nouveaux enjeux viennent brouiller les préoccupations traditionnelles, en ce sens qu’ils provoquent « une remise en question de notre compréhension de la mise en commun et de la construction du sens dans les milieux minoritaires » (11). [End Page 247] D’ailleurs, cette articulation parfois difficile entre l’histoire et la dynamique contemporaine constitue un enjeu en elle-même et elle est abordée dans la plupart des contributions à l’ouvrage.

La construction du sens s’organise autour de trois thèmes. Dans une première partie, les diverses représentations des communautés ainsi que leurs transformations sont abordées. Ces représentations transitent souvent par l’engagement individuel envers les communautés. À cet égard, l’engagement envers l’espace social annonce un affaiblissement pour ces communautés « de leur capacité de se projeter dans l’avenir » (67), alors que l’engagement identitaire relève d’une « dialectique entre deux forces contradictoires » (111), c’est-à-dire une quête d’autodétermination et un déterminisme social qui relève du contexte sociétal et institutionnel. Une tension se fait aussi jour dans la représentation que les communautés se font de la contribution de l’immigration à leur avenir et qui met en opposition « l’argument démographique et l’argument identitaire » (122). Cet argument identitaire renvoie à la part de la mémoire « qu’il convient de conserver dans la construction identitaire » (194) ainsi qu’à l’intention vitale de la communauté, dont l’oubli signifierait « la disparition du groupe en tant qu’entité globale » (225).

Une deuxième partie traite plus explicitement des espaces institutionnels et communautaires dans lesquels se jouent les nouveaux enjeux et où se construit du sens. D’abord, l’espace économique apparaît comme un milieu où l’intégration se fait difficilement en raison de l’environnement linguistique qui ne favorise pas l’utilisation du français, et où même « le relatif confort économique n’assure pas la stabilité de l’appartenance linguistique » (267). L’espace scolaire, quant à lui, devrait viser « le développement de la réflexion sur les contraintes sociales auxquelles sont soumises les communautés » (310) tout en permettant aux élèves de faire les choix qui leur semblent les plus propices à leur identité. L’espace de création s’est à son tour transformé en un milieu où les artistes « pratiquent leurs arts dans une pleine reconnaissance de leur spécificité sans pour autant les assujettir à des discours idéologiques, politiques ou sociologiques » (344). Finalement, les services de santé en français représentent « un facteur de mobilisation pour poursuivre [le] but de complétude institutionnelle » (353) et redonnent une impulsion à l’action des communautés francophones.

La dernière partie aborde les domaines de la politique et du droit. Si des actions sont entreprises, principalement par le gouvernement fédéral, afin de reconnaître les minorités francophones et de favoriser leur capacité d’autogouvernement, celles-ci n’ont pas « encore permis de réduire de façon significative le déficit démocratique à leur égard » (389). Au-delà du gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec a lui aussi cherché à établir des relations avec ces minorités et a jugé « important de collaborer avec les communautés francophones par le moyen de l’appareil administratif » (456). Toutefois, comme la voie politique n’a pas toujours suffit pour...

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