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  • Stendhal: vivre, écrire, aimer
  • Lucy Garnier
Stendhal: vivre, écrire, aimer. Par Philippe Berthier. Paris: Éditions de Fallois, 2010. 542 pp. Pb. €24.00.

Ce ne sont pas les biographies de Stendhal qui manquent et toute nouveauté du genre se doit d’adopter un angle original justifiant la démarche. Pour la somme magistrale de Michel Crouzet (Stendhal ou monsieur moi-même (Paris: Flammarion, 2000)), inévitable poids de mesure pour toute tentative ultérieure, ce fut — et cela n’aura guèré étonné les lecteurs de ses autres ouvrages — l’égotisme de l’auteur qui s’érigea en fil conducteur. L’approche de Philippe Berthier n’étonnera pas davantage ceux qui connaissent bien ses travaux: dans Stendhal: vivre, écrire, aimer, l’on suit le récit lyrique et enlevé de la vie d’un homme qui ‘n’a rien sacrifié’ à une vocation d’écrire qui fut pour lui ‘de l’ordre du plaisir et s’additionnait à d’autres plaisirs qu’il n’était pas question d’abjurer’ (p. 468). Puisant aussi bien dans sa connaissance sans appel de l’œuvre et de la critique stendhalienne que dans une culture littéraire, musicale, artistique et historique de taille, Berthier éclaire tour à tour la psychologie, la formation et la carrière stendhaliennes à la lumière de ces ‘plaisirs de la vie’ qu’ont été pour Henri Beyle la musique, la peinture, le théâtre, la lecture, le voyage et, sans doute avant tout, l’amour. En filigrane, le stendhalien reconnaîtra ainsi les thèmes de prédilection du critique (auteur non seulement de Stendhal et ses peintres italiens (Genève: Droz, 1977)), mais aussi de nombreux articles sur la thématique musicale et italienne chez l’auteur), et regrettera peut-être que d’autres sujets, tel le politique, soient moins développés (sans pourtant être laissés dans l’ombre, loin s’en faut). Quant au lecteur néophyte, il trouvera ici une introduction passionnante à la vie, mais peut-être surtout à l’esprit, de Stendhal, même si nombre d’allusions lui résisteront tant qu’il n’aura pas mieux parcouru les divers écrits du romancier, biographe, autobiographe, épistolier et théoricien convoqués par Berthier. L’index de l’ouvrage, pour sa part, permet de se repérer dans le texte là où les intertitres poétiques restent à l’intention d’un happy few. ‘Nous avons donc tenté d’aborder à notre tour la vie de Stendhal de manière “hypocalorique” — ce qui, nous l’espérons, ne veut pas dire dévitaminée —, avec un coefficient revendiqué de légèreté et d’humeur(s). Parce que c’est lui, parce que c’est moi’ (p. 12). Ces mots de Berthier en introduction donnent ainsi le ‘la’ pour cet ouvrage à la fois éminemment personnel et profondément ‘stendhalien’ qui constitue aussi bien un tour de force stylistique qu’une approche de la vie de Beyle susceptible d’offrir à un éventail de lecteurs un éclairage intelligent de l’œuvre de Stendhal.

Lucy Garnier
Université Stendhal-Grenoble 3
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