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Reviewed by:
  • Guerres d’Afrique. 130 ans de guerres coloniales. L’expérience française
  • Sylvie Thénault
Vincent Joly. - Guerres d’Afrique. 130 ans de guerres coloniales. L’expérience française, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, 336 pages. « Carnot ».

Issu d’une habilitation à diriger des recherches, le livre de Vincent Joly se présente comme une synthèse détaillée des guerres coloniales françaises de la prise d’Alger en 1830 à la guerre d’indépendance algérienne de 1954 à 1962. Après un premier chapitre consacré aux « thèmes et débats » relatifs aux « guerres et violences coloniales », l’auteur adopte une logique chronologique consistant à présenter les différents théâtres d’opérations de l’armée française, essentiellement dans la phase de conquête antérieure à 1914. Un chapitre de comparaison européenne conclut d’ailleurs cette partie majeure de l’ouvrage. La période postérieure à la Première Guerre mondiale est plus rapidement traitée, d’où un caractère synthétique accentué aux dépens de l’analyse qui aurait pu, sur le XXe siècle, être plus développée.

L’auteur suit trois fils conducteurs. Le premier traite de l’évolution de la stratégie et de la tactique des Français, contraints d’inaugurer, en terre africaine, de nouvelles façons de faire la guerre; cet aspect intéressera les spécialistes de la technique militaire, dans une veine proche de celle des travaux que Jacques Frémeaux a consacrés à la seule Algérie. Le deuxième retrace l’émergence, sur ce terreau, de spécialistes de la guerre coloniale en Afrique, de Bugeaud à Lyautey, en passant par Faidherbe et Gallieni qui, s’ils constituent la lignée des « héros » français de l’aventure militaire coloniale, n’en portaient pas moins des conceptions différentes de l’administration dans les territoires conquis, que Vincent Joly expose avec précision. L’emploi de soldats recrutés localement dans l’armée française, enfin, est analysé à travers les questions cruciales qu’il posait aux contemporains : quel statut et quelle place leur accorder, entre intégration aux corps traditionnels et formation d’une force spéciale – la fameuse « force noire » ? Faut-il les employer sur des théâtres d’opérations européens ? Peut-on le faire, et à quelles conditions ? Globalement, l’ouvrage prend à bras-le-corps la question des effets de retour, sur l’armée française et en métropole, des guerres menées en Afrique, même s’il n’oublie pas les « résistances », celle d’Abd el Kader en particulier, à qui un chapitre est réservé. Il ne faut pas se fier, néanmoins, à l’accent mis sur l’Afrique dans le titre. Le terrain asiatique des guerres coloniales françaises n’est pas oublié, même si l’on peut regretter que son traitement soit déséquilibré. Seule la guerre d’Indochine se voit consacrer un chapitre.

Le mérite de l’ouvrage est de proposer une mise au point claire, fondée sur une bibliographie riche incluant les très nombreux travaux anglo-saxons consacrés à ces questions. Comme tel, il se présente comme un point d’entrée dans l’histoire militaire de l’entreprise coloniale française. Il sera très utile à quiconque souhaite s’initier à cette histoire et cherche à repérer des références bibliographiques sur un de ses aspects particuliers. Le revers d’un tel ouvrage d’initiation et de référence, toutefois, tient dans cette qualité même : parce que le livre embrasse un champ très large tout en étant précis sur chaque question qu’il aborde, le lecteur peine à en dégager une [End Page 105] démonstration d’ensemble. Ce n’était pas, il est vrai, l’objectif de l’auteur qui se proposait de livrer un tableau de l’expérience coloniale de l’armée française. Présenter le « savoir-faire » de cette dernière en la matière, alors que le débat public a érigé le fait colonial et ses héritages en thèmes majeurs...

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