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Reviewed by:
  • Émile Zola. Mémoire et sensations. Essai
  • Geneviève De Viveiros (bio)
Émile Zola. Mémoire et sensations. Essai, s. la dir. de Véronique Cnockaert Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 2008, 280 p., 28$

L'œuvre de fiction d'É mile Zola est imprégnée de références historiques, sociales mais aussi sensorielles. Ce volume dirigé par Véronique Cnockaert rassemble les actes du colloque « Émile Zola, Mémoire et sensation » tenu à l'Université du Québec à Montréal en septembre 2005 et qui se voulait une réflexion sur ces thèmes. Au total, y figurent 19 articles rédigés par des spécialistes de l'œuvre de Zola accompagnés d'une bibliographie. L'ouvrage est divisé en trois parties.

La première traite de la mémoire littéraire, c'est-à-dire de la présence de procédés intertextuels et de l'influence de la tradition dans l'œuvre romanesque de Zola. Il est vrai que Zola, bien qu'il ait affirmé sans arrêt tout au long de sa carrière, la nouveauté et l'originalité de son esthé tique ne sont pas sans liens avec la tradition littéraire. Romancier mais aussi journaliste, il s'est intéressé à l'histoire de la littérature de l'époque classique comme de sa propre époque. Il a consacré de nombreux articles aux romanciers contemporains tels Balzac, les frères Goncourt et Stendhal. Hugo figure aussi parmi les écrivains traités sous sa plume. Au cours de sa carrière, en cherchant à s'imposer comme chef de l'école naturaliste, Zola s'est, de fait, tour à tour inspiré et démarqué de l'œuvre de l'auteur des Misérables. En tant que figure emblématique du romantisme, Hugo, bien qu'il fût sévèrement critiqué à maintes reprises par Zola, a aussi incarné pour ce dernier un modèle. C'est précisément cet aspect de l'œuvre zolienne qui est analysé dans les articles de Bernadette Lintz et Marie Scarpa. Toutes deux traitent de l'influence de l'héritage littéraire de Victor Hugo; l'une dans La débâcle et l'autre dans Le ventre de Paris. Outre les rappels et les emprunts littéraires, l'œuvre zolienne présente en elle-même tout un système de renvois au passé qui met en lumière l'un des arguments à la source des théories scientifiques de Zola : la quête des origines. Ainsi, les influences de la Bible dans Le docteur Pascal (Charles Elkabas), la « violence fondatrice » des Rougon-Macquart (Henri Mitterand) et la relation des personnages zoliens à la mémoire (Marie-É ve Laurin, Sophie Ménard et Chantal Pierre-Gnanousssou) figurent également parmi les sujets abordés dans cette première partie.

La deuxième partie présente, quant à elle, une analyse des perceptions et des sensations dans l'œuvre de Zola. L'importance du corps, de la « chair » conçus comme lieux de mémoire dans la fiction zolienne sert d'inspiration aux analyses de cette section. Comme on sait, le projet naturaliste formulé par Zola, touche, avant toute chose, à l'étude de la « physiologie ». Dès ses débuts, il s'intéresse à la description et à l'analyse de tous les phénomènes qui ont trait à ce qu'il appelle « le [End Page 601] débordement des appétits ». Zola se donne comme mission de mettre à nu les mécanismes biologiques qui sont à l'origine des attitudes humaines tant physiques que psychologiques. Dans la préface à La Fortune des Rougon, premier tome des Rougon-Macquart, il présente d'ailleurs son projet comme étant l'étude de ce qui détermine « les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives ». Il n'est pas surprenant alors que le corps, ou plus précisément « la chair » figure comme un lieu commun, une référence universelle dans l'œuvre zolienne. Comme l'explique bien Jacques Noiray, chez Zola, « tout part du corps, tout se ramène à lui ». Tous les phénomènes psychiques sont saisis à travers la voie physiologique. C'est à travers...

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