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Reviewed by:
  • Journal dérivé IV. L'espace privé 1967-2000
  • Jimmy Thibeault (bio)
Bruno Roy , Journal dérivé IV. L'espace privé 1967-2000, Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 2009, 269 p., 16$

Le quatrième tome du Journal dérivé de Bruno Roy, qui se veut une exploration de « l'espace privé » de l'auteur, vient clore en beauté un projet entamé en 2003 avec la parution du premier tome, consacré à « la lecture », suivi, en 2005, d'un deuxième tome portant sur « l'écriture » et, en 2006, d'un troisième tome faisant état de la place qu'occupait l'auteur dans « l'espace public ». Le dernier tome, que l'auteur consacre à « l'espace privé », me semble le plus touchant de ce Journal dérivé - où sont repris des fragments de lettres et de journaux intimes écrits entre 1967 et 2000 -, d'autant plus que Bruno Roy nous quittait en janvier 2010, quelques mois après la parution du livre. Fondé sur le désir de se dire à travers « l'archivage du je », le Journal dérivé devient donc un document précieux qui nous permet non seulement de pénétrer l'univers d'un homme d'une grande générosité littéraire, mais également d'en conserver un précieux souvenir. Certes, le travail d'édition permet à l'auteur de contrôler, en quelque sorte, l'image qui s'offre au lecteur, mais il y a des mots qui ne mentent pas et, en parcourant cet « espace privé », on reconnaît dans le dernier trait de cet autoportrait, peut-être le plus important, un homme de coeur et de conviction.

Les textes, surtout construits à la manière de petites pensées, rappelant parfois la forme du haïku, présentent les réflexions intimes de Bruno Roy sur divers sujets et événements qui ont marqué son parcours d'homme. Dès le début du livre, notamment, Roy réfléchit à sa carrière naissante d'enseignant, à son rapport à l'institution et aux élèves. Ici, Roy ne tombe jamais dans la condescendance et s'il lui arrive d'affirmer son désaccord avec l'institution, c'est toujours en posant ses élèves au centre de sa réflexion : « Certes, qu'importe la confiance des autorités si j'ai celle de mes élèves. » À la figure de l'enseignant respecté de ses élèves s'ajoutent celles particulièrement touchantes de l'amoureux et du père, qui donnent peut-être les pages les plus poétiques du livre. C'est ainsi qu'il décrit l'arrivée de Luce dans sa vie, qu'il épousera, comme sa « talle d'amour dans [s]on champ de folie ». Un amour qu'il affirme jusqu'à la fin : « Amour confort transformé en tendresse, formaté aux besoins de nos âges qui avance? » De ses filles, on retient surtout les [End Page 551] pages où Roy retranscrit leurs paroles empreintes d'émerveillement, de simplicité et de poésie : « Au Salon du livre de Montréal, tannée, Isabelle lance : On s'en va-tu, papa, j'ai le mal de livres. » De très belles pages sont également consacrées à l'amitié et au respect que Roy démontre pour autrui.

Certains sujets abordés dans ce quatrième livre du Journal dérivé, même s'ils appartiennent toujours à la sphère privée, débordent parfois des rapports intimes et posent une réflexion sur des événements qu'on retrouve dans les trois premiers livres. Il ne s'agit cependant pas de redites, puisque Roy en décrit davantage les effets sur sa vie que la prise de position et l'engagement à l'égard de ces sujets. D'abord, il est beaucoup question de lecture (sujet du premier tome), mais les lectures décrites ici semblent davantage de l'ordre de l'état d'âme que de la réflexion sur le rapport à la littérature. Il en va également ainsi pour l'écriture (sujet du deuxième tome) où Roy parlera de ce qu'éveillent en lui les commentaires d'autrui - critique, réflexion ou simple expérience de lecture...

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