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  • Andreï Makine. Présence de l'absence: une poétique de l'art (photographie, cinéma, musique)
  • Efstratia Oktapoda
Murielle Lucie Clément , Andreï Makine. Présence de l'absence: une poétique de l'art (photographie, cinéma, musique). Amsterdam: Emelci, 2008, 409 pp.

L'étude sur l'œuvre d'Andreï Makine, écrivain russe de l'extrême-contemporain, et d'extrême actualité, entreprise par Murielle Lucie Clément, directeur du collectif Écrivains franco-russes (Rodopi, 2008) et auteur d'Andreï Makine. Recueil (Emelci, 2007), une passionnée de la Russie et de la Sibérie, qu'elle a parcourue par ailleurs [End Page 145] pendant un an, n'a rien pour nous surprendre. Si Andreï Makine (Prix Goncourt 1995, Prix Médicis et Goncourt des lycéens) occupe une place spéciale dans la littérature française, il occupe aussi une place de choix dans le cœur de Murielle Lucie Clément. Investie dans les recherches de l'extrême-contemporain, l'étude de Makine et de son œuvre offre à M.L. Clément le point d'ancrage pour la (re)découverte de cette Russie mythique et de l'identité spécifique de son peuple, audelà des conventions stéréotypées des binômes Est/Ouest, Russie/Occident, pays natal/exil. Plus qu'écrivain exilé ou émigré, Andreï Makine est un écrivain géoculturel universel.

Andreï Makine est plus qu'un homme, plus qu'un écrivain, plus qu'un univers. C'est une galaxie de galaxies interstellaires où chaque planète entourée de ses satellites reforme à elle seule un kaléidoscope fragmenté de couleurs que même l'arc-en-ciel n'a pas su inventer

(8),

écrit M.L. Clément qui ne se contente pas pour autant de dresser l'inventaire de ce qui est vrai, de ce qui est faux, la réalité de la fiction, et de partir à la recherche vaine des éléments autobiographiques qui nourrissent incontestablement les récits narratifs. Suivant une approche conceptuelle, M.L. Clément opère une analyse approfondie des dominantes poético-philosophiques de l'œuvre de Makine.

Plus qu'une étude littéraire, l'étude de M.L. Clément se veut une véritable poétique de l'art. Photos, films et chansons parcourant l'œuvre makinienne l'attirent tout autant. Artiste elle-même et cantatrice, elle contemple les photos en même temps que le narrateur, notamment dans Le Testament français, et surtout la voix chantante de sa grand-mère s'élevant à plusieurs moments cruciaux de son élaboration identitaire. Transposée dans ses œuvres, la musique, retentissement du pays, joue un rôle primordial dans la quête identitaire des personnages makiniens.

Dans sa transposition romanesque, l'œuvre de Makine se veut la fresque historique de l'époque décrite, de la Russie, de la France et de l'Allemagne et des guerres destructrices du XXe siècle qui modèlent la vie des personnages par les tribulations occasionnées. "L'histoire et le romanesque s'interpellent et s'enchevêtrent de manière à ne plus former qu'un seul fil diégétique où la narration forme les contours et la mosaïque du récit" (9). Sans être historiques, les romans de Makine [End Page 146] se caractérisent par la représentation de l'Histoire qui tend vers la my-thification et l'allégorisation.

Plus que la biographie ou la pseudo-autobiographie dans l'œuvre de Makine et dans la littérature russe post-révolutionnaire, M.L. Clément analyse la spécificité scripturale de l'auteur et la fonction intertextuelle de la photo, du cinéma et de la musique qui symbolisent pour elle l'antinomie poético-philosophique inhérente à l'œuvre makinienne "celle de plusieurs univers culturels, littéraires et linguistiques, métaphorisés par les représentations d'une fiction de présence" (11). L'étude de M.L. Clément se veut originale par rapport à la critique précédente qui voyait en l'auteur l'écrivain russe exilé et bien confiné dans un cadre historico-politique et culturel. Sans occulter la dimension...

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