Abstract

Depuis les deux dernières décennies, on assiste dans le monde entier, à une recrudescence du travail domestique, typiquement « féminin » et déprécié, synonyme de travail informel et mal payé. Parmi les tentatives récentes pour réduire la fréquence du travail domestique informel, on a simplifié les mécanismes de paiement pour les employeurs, créé des avantages fiscaux (p. ex., avec des crédits d'impôt) et « industrialisé » le travail domestique (p. ex., en fondant des entreprises autorisées qui fournissent des services domestiques dans les foyers).

Dans le présent article, l'auteure se demande si un engagement croissant de l'État et du marché dans la réglementation et l'offre de services domestiques permet d'assurer des conditions décentes aux travailleuses domestiques et de corriger la dévalorisation historique de leur travail. En partant d'expériences menées en Belgique, en France, dans le canton de Genève en Suisse et au Brésil, l'article démontre que l'on peut aider à réglementer le travail domestique occasionnel et à temps partiel, mais qu'on réussit moins à régulariser les heures de travail et les revenus, à lutter contre l'isolement des travailleuses domestiques et à leur donner la possibilité d'améliorer leurs habiletés et leurs compétences. Les employées des entreprises à but non lucratif bénéficient de meilleures conditions de travail en Belgique et en France. Au Brésil, le fait de simplifier les mécanismes de paiement diminue l'informalité du travail quand cela s'accompagne de la reconnaissance juridique des garanties d'emploi pour les travailleuses domestiques, au même titre que les autres travailleurs, et d'un salaire minimum obligatoire. Cependant, on continue partout à qualifier le travail domestique de travail de femme, dénué de valeur et que n'importe qui peut faire.

Abstract

The past two decades have witnessed a rise, worldwide, in the demand for domestic work, a typically "female" and undervalued occupation, synonymous with informal and low-paid work. Recent attempts to curb the incidence of informal domestic work include simplified payment procedures for employers, state incentives (for example, tax credits), and the "industrialization" of domestic work (for example, the creation of licensed enterprises that provide domestic services to client households). This article explores whether a growing involvement of the state and the market in the regulation and supply of domestic services offers an avenue for delivering decent work for domestic workers and challenges the historical undervaluation of their work. Based on experiences in Belgium, France, the Canton of Geneva in Switzerland, and Brazil, the article shows that these systems help regularize casual and part-time domestic work but are less effective in stabilizing hours of work and labour earnings, countering the isolation of domestic workers, and providing them with opportunities to further upgrade their skills and competencies. Employees of non-profit licensed enterprises command better working conditions in Belgium and France. Brazil's simplified payment procedures translate into lesser informality, when supplemented by the legal recognition of employment guarantees for domestic workers at par with other workers and by mandatory minimum wages. However, the characterization of domestic work as women's work deprived of value and which anybody can do remains unchallenged everywhere.

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